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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
30 octobre 2010

Poésie de Marceline Desbordes-Valmore "L'impossible"

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L’impossible

 

Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes

Et vole, vole ainsi que l’alouette aux cieux,

Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux,

Qu’elle tombe éblouie au fond des fleurs, de celles

Qui parfument son nid, son âme, son sommeil,

Et lustrent son plumage ardé par le soleil !

 

Ciel ! Un de ces fils d’or pour ourdir ma journée,

Un débris de ce prisme aux brillantes couleurs !

Au fond de ces beaux jours et de ces belles fleurs,

Un rêve ! Où je sois libre, enfant, à peine née,

 

Quand l’amour de ma mère était mon avenir,

Quand on ne mourait pas encor dans ma famille,

Quand tout vivait pour moi, vaine petite fille !

Quand vivre était le ciel, ou s’en ressouvenir,

Quand j’aimais sans savoir ce que j’aimais, quand l’âme

Me palpitait heureuse, et de quoi ? Je ne sais

Quand toute la nature était parfum et flamme,

Quand mes deux bras s’ouvraient devant ces jours… passés.

 

Marceline Desbordes-Valmore. (1786-1859)


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25 octobre 2010

Poésie de Maurice Carême "Dans ma maison de feuilles"

Kikoo !

Voilà j'ai décidé de rajouter une rubrique à mon blog.
J'adore la poésie et j'aime en faire lire ou la faire découvrir ou redécouvrir.
C'est pourquoi tous les lundis je vous propose dans cette catégorie une poésie ou une belle phrase.

Des auteurs reviendrons plus que d'autres mais toutes les poésies méritent d'être lues et connues, il y'aura : Aragon, Verlaine, Emyli Dickinson, Marceline Desbordes Valmore, Emily Brontë, Françoise Cheng, Baudelaire etc etc.
J'espère que cette section vous plaira.
Bonne lecture.
Florel.



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Dans ma maison de feuilles.

 

Dans ma maison de feuilles

Et de bleu horizon,

Mon voisin l'écureuil

Est mon seul compagnon.

 

Le silence y est fait

De mille bruits si doux

Qu'il est comme de l'eau

Glissant sur les cailloux.

 

Oui, c'est là que je vis

Avec l'arbre qui parle,

Avec l'oiseau qui lit

Pour moi dans les étoiles.

 

Parfois un vol de mots

Se pose en mes branchages

Du jeu de leurs échos,

Naît un nouveau langage

 

Je tente gauchement

Parfois de le parler.

Il n'y a que le ciel

Qui veut bien m'écouter.

 

    Maurice Carême. (1899 - 1978)

13 octobre 2010

Extrait du livre "Une soif d'amour"

Extrait du livre "Une soif d'amour" de Yukio Mishima

 

« Où en es-tu ? Ton bateau est sur le point de sombrer. Et tu n’as pas encore appelé au secours ? Ce bateau, tu l’as cruellement malmené et t’es ainsi privée de port. L’heure est venue où il te faut nager de tes propres forces. Tout ce qui t’attend est la mort. Est-ce là ce que tu souhaites ? »

Seule le souffrance peut ainsi servir d’avertissement. A sa dernière extrémité, son organisme avait tendance à perdre son support mental. Son désespoir était pareil à un mal de tête qui lui martelait le crâne comme s’il allait éclater, pareil à une grosse bille de verre qui, de sa poitrine, remonterait vers sa gorge. « Je n’appellerai jamais au secours », pensa-t-elle.

En dépit de tout, Etsuko avait besoin d’une dure logique. Elle l’aiderait à édifier une assise, qui lui permettrait de se dire heureuse.

Etsuko poursuivait le cours de ses pensées.

« Il me faut tout absorber… il me faut tout absorber les yeux fermés… Cette souffrance, je dois apprendre à la savourer… Le chercheur d’or ne saurait s’attendre à ne trouver que de l’or. Il doit ramasser le sable au hasard au fond de la rivière. Il n’a pas le privilège de savoir à l’avance s’il réussira. Il se peut qu’il n’y ait pas d’or du tout et il se peut qu’il y en ait. Mais une chose est certaine : celui qui ne va pas à le recherche de l’or ne fait jamais fortune. »

 

 "Une trop longue souffrance rend stupide, mais celui que la souffrance a rendu stupide peut encore connaître la joie."

Mon avis sur Une soif d'amour ici

13 octobre 2010

"Une soif d'amour" de Yukio Mishima : Folie & amour

"Une soif d'amour" de Yukio Mishima

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Résumé :

La jeune veuve Etsuko est amoureuse d'un domestique de la maison de son beau-père Yakichi, chez qui elle vit. Ses beaux-frères, belles-sœurs et leurs enfants vivent sous le toit de l'ancêtre, qui est devenu l'amant d'Etsuko. Une nuit, Etsuko donne rendrez-vous au garçon qu'elle désire. Comprenant enfin ce qu'elle veut, il se jette sur elle. Elle perd connaissance. Quand elle revient à elle, il s'enfuit. Elle le poursuit, le rattrape, le frappe d'un coup de houe et le tue - Yakichi était là. Roman d'une grande force sournoise, obscure et nerveuse, cette œuvre est une peinture d'une passion bridée par un milieu, mais qui finit par tout consumer.

Mon avis :

Ce livre est un bijou. Une perle de l'écriture, douce, poétique mais surtout juste, ainsi qu'une perle de la nature humaine. Les sentiments décrits dans ces pages sont sur le fil du rasoir, et pourtant les personnalités qui nous sont révélées, au cour d'une situation ou au fil d'une pensée, nous paraissent sans grandes ambiguïtés, ce qui est juste un tour de force.

Futurs lecteurs, dans ce livre vous allez découvrir que du néant, d'un rien, d'une envie, on bascule en quelque instant dans la folie, la passion, le meurtre... comme cela peut être le cas dans la vie réelle. Certes beaucoup de livre représente cette situation, mais là c'est autre chose je vous assure, puisque l'auteur représente en plus de cela, la contradiction, l'éloignement, le silence, le déchirement des sentiments.

Dans ce livre j'ai aussi particulièrement adoré, Etsuko, le personnage principal qui vit dans la torpeur depuis la mort de son mari. On la croit assez impénétrable et froide, mais finalement je l'ai trouvé très vraie et proche de nous. En effet l'auteur nous en dépeint un portrait psychologique très vivant, même si aux yeux des autres personnages elle paraît plutôt comme un arbre en train de se dessécher.

En ce qui me concerne, Etsuko m'a particulièrement touchée par ses sentiments contraires qui l'enchaînent, elle est tout à la fois, passionnée et désintéressée, elle ne sait pas trop où elle en est, et même si la passion l'envahit elle dégage une certaine léthargie aussi. C'est vraiment un personnage qui nous ressemble dans la détresse, assez pur, contradictoire et très fouillé. C'est LE personnage de ce roman et je n'oublierai pas de sitôt Etsuko vous pouvez me croire !

Petite précision avant de finir : le résumé concerne plus la fin du livre, avant cela toute une histoire est racontée et développée pour arriver à ce résumé. Mais peu importe ce détail, un livre d'une rare beauté qu'il faut lire.

Extrait du livre par ici.

 

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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
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