Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Flûte de Paon / Livre-sse livresque
28 novembre 2010

Poésie d'Henri Michaux "Ma vie"

 

3669296511_0cbc83bddc


Ma vie

Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
A cause de ce manque, j'aspire à tant.
A tant de choses, à presque l'infini...
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes

Henri Michaux ( 1899 - 1984 )

 

Publicité
21 novembre 2010

Poésie de Pierre Reverdy "Tard dans la vie"

grim2

Tard dans la vie  

Je suis dur
Je suis tendre
   Et j'ai perdu mon temps
  A rêver sans dormir
     A dormir en marchant
  Partout où j'ai passé
   J'ai trouvé mon absence
  Je ne suis nulle part
    Excepté le néant
        Mais je porte caché au plus haut des entrailles
        A la place ou la foudre a frappé trop souvent
        Un cœur ou chaque mot a laissé son entaille
        Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement


                                             Pierre Reverdy (1889 - 1960 )       


 

9 novembre 2010

Poésie d'Alfred de Musset "Adieu !"

 

 

adieu



Adieu !

Adieu ! je crois qu'en cette vie
Je ne te reverrai jamais.
Dieu passe, il t'appelle et m'oublie ;
En te perdant je sens que je t'aimais.

Pas de pleurs, pas de plainte vaine.
Je sais respecter l'avenir.
Vienne la voile qui t'emmène,
En souriant je la verrai partir.

Tu t'en vas pleine d'espérance,
Avec orgueil tu reviendras ;
Mais ceux qui vont souffrir de ton absence,
Tu ne les reconnaîtras pas.

Adieu ! tu vas faire un beau rêve
Et t'enivrer d'un plaisir dangereux ;
Sur ton chemin l'étoile qui se lève
Longtemps encor éblouira tes yeux.

Un jour tu sentiras peut-être
Le prix d'un cœur qui nous comprend,
Le bien qu'on trouve à le connaître,
Et ce qu'on souffre en le perdant.

 

Alfred de Musset ( 1810 - 1857 )

5 novembre 2010

Poésie d'Emily Brontë "Je suis le seul être ici-bas dont ne s'enquiert"

lune

Je suis le seul être ici-bas dont ne s'enquiert.


Je suis le seul être ici-bas dont ne s'enquiert
Nulle langue, pour qui nul œil n'aurait de pleurs ;
Jamais je n'ai fait naître une triste pensée,
Un sourire de joie depuis que je suis née.

En de secrets plaisirs, en de secrètes larmes,
Cette changeante vie s'est écoulée furtive,
Autant privée d'amis après dix-huit années,
Oui, solitaire autant qu'au jour de ma naissance.

Il faut jadis un temps que je ne puis cacher,
Il fut jadis un temps où c'était chose amère,
Où on âme en détresse oubliait sa fierté
Dans son ardent désir d'être aimée en ce monde.

Cela, c'était encore aux premières lueurs
De sentiments depuis par le souci domptés ;
Comme il y a longtemps qu'ils sont morts ! A cette heure,
A peine je puis croire qu'ils ont existé.

D'abord fondit l'espoir de la jeunesse, puis
De l'imagination s'évanouit l'arc-en-ciel,
Enfin m'apprit l'expérience que jamais
La vérité n'a crû dans le cœur d'un mortel.

Ce fût cruel, déjà, de penser que des hommes
Étaient tous creux et serviles et insincères,
Mais pire, ayant confiance dans mon propre cœur,
D'y déceler la même corruption à l'œuvre.

Emily Brontë le 17 mai 1837. (1818 - 1848)

Publicité
Publicité
Flûte de Paon / Livre-sse livresque
Flûte de Paon / Livre-sse livresque
Publicité