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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
18 février 2013

Ainsi soit Olympe de Gouges de Benoîte Groult

"Ainsi soit Olympe de Gouges" de Benoîte Groult

Olympe de Gouge

Résumé :

"Parce qu'elle a été la première en France en 1791 à formuler une 'Déclaration des Droits de la Femme' qui pose dans toutes ses conséquences le principe de l'égalité des deux sexes. Parce qu'elle a osé revendiquer toutes les libertés, y compris sexuelle ; réclamer le droit au divorce et à l'union libre ; défendre les filles-mères et les enfants bâtards, comprenant que la conquête des droits civiques ne serait qu'un leurre si l'on ne s'attaquait pas en même temps au droit patriarcal. Parce qu'elle a payé de sa vie sa fidélité à un  idéal."

Olympe de Gouges demeure une figure fondatrice du combat contemporain pour l'égalité des sexes. Après le beau succès du roman graphique de Catel paru l'an dernier, Benoîte Groult rend un nouvel hommage à cette pionnière.

Mon avis :

J’ai acheté ce livre sans trop savoir ce que j’allais trouver dedans, en fait je l’ai surtout acheté parce qu’il y avait le nom de la grande Olympe de Gouges sur la couverture, et que j’espérais en apprendre plus sur cette grande dame à qui l’histoire n’a pas toujours rendue justice. Là dessus je n’ai pas été déçue je dois dire, puisque Benoîte Groult va en effet développer la vie d’Olympe de Gouges, mais va aller aussi au-delà, en replaçant rapidement le rôle de la femme dans l’histoire depuis l’antiquité. Rôle qui pourrait se résumer ainsi, foyer, enfants, cuisine, mais surtout ne pas penser car juger dangereuse et stupide. (Pensées purement misogynes et débiles on en convient, mais qui ont eu la vie bien looooonnnnnngue…)

Pourtant c’est oublié, même si l'auteure n'en parle pas directement, que depuis l’antiquité y’a eu des femmes philosophes, (Hypatie d’Alexandrie, Sosipatra, Aedesia, Asclépigeneia…), des femmes de lettre (Sapphô et Corinne, Myrtis, Télésilla, Anyté de Tégée, Christine de Pizan), ou des femmes guerrières, la plus connue en France étant Jeanne d’Arc, mais y’en a eu un bon paquet dans d’autres pays du monde et je pense notamment aux Japon, ou encore en Angleterre avec Boadicée. Et je ne parle pas de ces femmes qui ont gouverné des pays.

Bref, comme va le montrer ce livre l’histoire a mal jugé Olympe de Gouges, et les femmes en général. Par exemple et pour en revenir un peu plus à Olympe de Gouges, les abruties et misogynes de psy en feront une névrosée, prenant son envie de changer le monde pour de la paranoïa reformatoria parce que c'était une femme. Comme si le désir de changement était une folie chez la femme mais pas chez l'homme...

Cependant la "médecine" n'a pas été la seule à mal juger Olympe, puisque ses contemporains ne lui épargneront rien non plus. Ils la ridiculiseront en effet plus d’une fois en lui rappelant où doit être selon eux sa vraie place, pour finir par la décapiter en 1793 au terme d'un procès déjà jugé d'avance par les partisans de Robespierre ennemi juré d'Olympe de Gouge. Voilà d'ailleurs ce qu'elle dira devant ce tribunal «  Robespierre m’a toujours paru un ambitieux, sans génie, sans âme. Je l’ai vu toujours prêt a sacrifier la nation entière pour parvenir à la dictature ; je n’ai pu supporter cette ambition folle et sanguinaire, et je l’ai poursuivi comme j’ai poursuivi les tyrans. La haine de ce lâche ennemi s’est cachée longtemps sous la cendre, et depuis, lui et ses adhérents attendaient avec avidité le moment favorable de me sacrifier à sa vengeance . », et ce qu'elle disait déjà avant le procès dans une affiche placardée dans le tout Paris où cette dernière avait pris position contre Marat et surtout contre Robespierre, en inscrivant ceci : "Tu te dis l'unique auteur de la Révolution Robespierre ! Tu n'en fus, tu n'en es, tu n'en seras éternellement que l'opprobre et l'exécration... Chacun de tes cheveux porte un crime... Que veux-tu ? Que prétends-tu ? De qui veux-tu te venger ? De quel sang as-tu soif encore ? De celui du peuple ?
... Tu voudrais assassiner Louis le dernier pour l'empêcher d'être jugé légalement. Tu voudrais assassiner Pétion, Roland, Vergniaud, Condorcet, Louvet, Brissot, Lasource, Guadet, Gensonné, Hérault de Séchelles, en un mot tous les flambeaux de la République..." A part Louvet, tous seront en effet exécutés dans l'année... Et encore, ce n'est peut-être pas la plus violente prise de position contre Robespierre. Je vous mettrai une lettre
en bas de ce billet qu'Olympe de Gouges a adressée à Robespierre, afin que vous puissiez juger par vous même de la carrure de cette femme et de sa haine envers cet homme de la Terreur, car elle avait vite compris que les révolutions peuvent souvent conduire à la dictature.

Cela mis à part, venant en à la femme. Olympe de Gouges était vraiment une femme singulière au caractère bien trempé et elle possédait une mentalité très visionnaire. En effet et même si parfois elle s’est exprimée un peu naïvement, elle a vraiment eu des idées novatrices pour l’époque, et pas seulement sa déclaration des droits de la femme - dédiée au passage à Marie-Antoinette - ; par exemple, alors qu'on ne parlait pas d’hygiène dans les "hôpitaux", ni de foyer sociaux pour les travailleurs et ni de divorce, elle si ! Tout comme elle avait pris position contre l’esclavage des noirs, et déplorait aussi le manque de conscience des femmes sur leur condition.
Pour faire court, Olympe de Gouges était vraiment une femme admirable qui ne manquait pas de courage, et pour bien le souligner Benoîte Groult met en fin de livre les écrits audacieux qu’Olympe de Gouges a pu laisser derrière elle. (Sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, etc, etc…)  

Et pour finir, ce que j’ai en plus aimé dans ce bouquin, c’est que j’ai fait la découverte d’autres femmes oubliées de l’histoire, ou presque. Par exemple j’ai découvert Théroigne de Méricourt, mais aussi Hubertine Auclert, Claire Lacombe, les sœurs Ferning qui se battirent dans les armées de la République, Anne Quatresols qui s’engagea à 16 ans et conduisit des chevaux d’artillerie aux sièges de Liège et de d’Aix-La-Chapelle, ou encore Madeleine Petitjean qui s’enrôla à 49 ans dans l’Armée de l’Ouest après avoir perdu 15 enfants.

En résumé c’est un petit livre sympa que je conseille vivement ! Vous y apprendrez beaucoup.

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