10 mars 2014
"La fin du monde a du retard" de JM Erre
"La fin du monde a du retard" de JM Erre
Résumé :
La Fin du monde a du retard met en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s’évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s’est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l’humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l’ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu’à l’incroyable révélation finale.
Mon avis :
Je classerai ce livre dans un genre qui en réunit plusieurs, à savoir le policier, le parodique donc automatiquement comique, et enfin le genre « manuel pour écrire un livre ».
Déjà « le manuel pour écrire un livre » parce que l’écrivain n’hésite pas à montrer et utiliser toutes les grosses ficelles prévisibles qui font les romans, comme quand il dit page 375 ceci : « Après une petite ellipse temporelle destiné rythmer le récit à l’approche de la fin… » - et sachez qu’il en joue et abuse tout le long, mais comme il le fait d’un ton un peu désabusé et drôle ça reste très agréable à lire ; et ensuite « parodique – comique » parce que premièrement ce livre est une parodie des romans à suspense genre Da Vinci code ou encore Le dernier pape, et comique car c’est ponctué de phrase, d’image… qui fait que toute cette histoire tourne très vite en dérision. Et là je vais vous citer quelques passages pour illustrer ce que je dis, mais il y en a bien d’autres qui sont excellents, sachez-le.
« Une heure auparavant, le jeune prêtre avait découvert à la télévision les portraits d’Alice et Julius et avait téléphoné à la police pour les dénoncer, car il ne maîtrisait pas encore toutes les subtilités du concept de charité chrétienne. L’abbé Saint-Freu avait surpris la conversation et avait appelé de l’aide pour maîtriser le Judas qui se débattait comme un beau diable malgré quelques coups d’encensoir bien placés. Pour le calmer, il avait fallu le plonger dans la vasque d’eau bénite et lui offrir de battre le record d’apnée en milieu urbain. Puis il s’était laissé ligoter sans rechigner car on fait moins le malin en état de détresse respiratoire », ou encore : « Elle se pencha sur Julius, endossa son rôle de la Princesse charmante et posa ses lèvres sur les siennes. Alors il se passa que qu’il se passe dans les plus beaux contes de fées, même si d’habitude c’est la fille qui ronfle : le bel endormis se réveilla. » Bref. Comme vous le voyez ce livre fait ouvertement fi des codes et des images des romans, contes… traditionnels, et ce pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Cela dit, s’est vrai que ce ton comique peut par moment lasser, disons que à certain moment ça fait un peu lourd, et surtout quand le roman souffre d’un petit coup de mou, comme au moment de l’hôtel par exemple (là j’avoue que je me suis fait un peu chier), néanmoins rassurez-vous, ce n’est pas une impression qui est restée longtemps, car c’est quand même un roman qui bouge vite et qui ne manque pas d’action ni de révélation, faut bien le dire ; et heureusement car quand je suis arrivée à ce moment-là du livre (l’hôtel), j’avoue que je me suis demandé s’il y avait une histoire consistante derrière cette parodie et ce comique sans fin, et il y en a une comme le montre la suite. Ouf ! Car si ça n’avait pas été le cas je crois que j’aurai abandonné.
Quant aux personnages là aussi on a du lourd et une sacrée foire, dans ce livre Paris passe pour une ville de barge. On a deux amnésiques qui ont une fâcheuse tendance à vivre des explosions, deux policiers, un jeune et un presque retraité qui se tirent dans les pattes à longueur de temps, un geek pas très doué (surtout en déguisement), et deux journalistes qui n’ont vraiment pas de chance, la preuve : « Quand il entendirent retentir l’alarme incendie et virent une fumée noire venir renifler les petits-fours au gluconate de potassium, Albert et Raoul se jetèrent un regard las. Le destin semblait jouer avec eux depuis quelques jours et ils se demandaient quand il se choisirait d’autres victimes. Peut-être auraient-ils dû mourir à la clinique ? Peut-être la mort les poursuivait-elle parce que leur heure avait sonné et qu’ils s’étaient débrouillés pour l’éviter depuis quatre jours ? Peut-être devaient-ils arrêter de raconter n’importe quoi et s’enfuir au plus vite ? ». On rencontre aussi deux bonnes-sœurs qui fabriquent des faux billets de banque, un curé qui emmerde nos deux héros avec sa messe en latin, une vieille qui voit le complot partout, et un pigeon estropié. Enfin bref, comme vous le voyez c’est une véritable foire, du vrai n'importe quoi, et même si ça parait gros comme ça et même abusé, ben sachez que ça passe très bien, même si là on a plus trop envie de se balader dans les rues de Paris après.
Enfin bref, et malgré deux longueurs (l’hôtel et la rencontre genre troisième type raté dans les égouts de Paris) j’ai beaucoup apprécié ce livre qui est un pur moment de détente. Donc je n'ai qu'un conseil à vous donner, lisez-le !
Je remercie en passant les éditions Buchet Chastel et Babelio pour ce partenariat, et pour m’avoir fait découvrir ce livre mais aussi cet auteur, car maintenant j’ai envie de tenter Le mystère Sherlock qui me tente vraiment beaucoup. (Ma phrase n’est pas française, mais on s'en fout !)