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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
21 mars 2019

"Une nuit à Aden : tome 1" de Emad Jarar

Une nuit à Aden : tome 1 de Emad Jarar

Source: Externe

Résumé :

« Mon père pensait qu’on “naissait musulman” et qu’être musulman était un statut qui dépendait du Tout Puissant uniquement. Et comme pour se soumettre à ses propres certitudes, il s’était convaincu que l’Islam était irréversible en ce qu’il l’emportait sur quelque autre religion ; il était de ceux pour lesquels l’Islam ne se limitait pas au seul culte, entretenant l’idée qu’être musulman préemptait pour ainsi dire tout autre choix de conscience. Pour lui, le christianisme ne serait qu’un avatar illégitime de son propre héritage, puisqu’il était désormais représenté par la religion vraie et transcendante qu’était l’islam. Sa suprématie sur les autres religions ou civilisations, et cette sorte d’inviolabilité du statut de musulman, semblaient d’ailleurs apaiser ses craintes : elles étaient censées me protéger de toute manœuvre rusée de la part de ma mère. »

Ce roman en deux tomes, à l'intrigue palpitante d'émotion, raconte la jeunesse d'un Palestinien qu'un destin étonnant et une histoire d'amour hors norme conduisent à la découverte de lui-même, de sa conscience et de sa relation avec les religions de son enfance, l'islam et le christianisme. Par une introspection à la fois insolite et spirituelle, il nous décrit comment les élans de la divine Providence le mèneront d'Alexandrie à New York, puis à Sanaa, Aden, Djibouti et enfin Paris.
Il est né musulman, certes; mais sa raison défie à laquelle il se croyait enchaîné, occulte en fait la vraie nature de ce rite à l'emprise implacable sur un milliard et demi de fidèles...
Un récit captivant. Une réflexion morale et spirituelle sans concession. Une lecture de rigueur pour comprendre le rôle du Coran au XXI ème siècle et son emprise sur la pensée islamique confrontée à la vie moderne.

Mon avis :

Indéniablement ce livre a ce quelque chose qui fait qu’on doit le lire. Pas tant pour la forme, qui est à revoir, mais pour le fond qui découle d’une observation lucide, calme et intelligente. Quand on lit ce livre on voit que l’auteur est une personne qui s’interroge et raisonne.

Dans ma vie, j’ai lu plusieurs livres qui ont eu trait à l’islam ou qui ont abordé cette religion-politique dans leur approche d’une problématique. Ces livres étaient d’historien Guy Rachet, Jean Louis Harouel, de philosophe comme Hamid Zanaz, des témoignages et j’en oublie. En 2014, j’ai même lu le Coran ! Livre ô combien abject par sa violence, sa prétention, sa haine… Bref ! Tout ça pour dire, qu’au final je n’ai pas vraiment découvert grand-chose sur l’islam en lisant ce livre. La haine, ses appels au meurtre, le communautarisme, la paranoïa, son racisme, sa politique, son droit, j’ai eu l’occasion d’en prendre connaissance plus d’une fois et pour certains points comme le racisme musulman nous avons tous été plus ou moins concernés. Mais malgré cela, j’ai quand même appris certaines petites choses et j’ai adoré prendre connaissance de la vision de l’auteur.

Toutefois et même si j’étais grandement en terrain connu, j’ai apprécié ce livre pour sa base de connaissance et sa vision très réaliste de l’islam et du monde musulman qui est : très communautaire ; très arriéré ; manquant de tête pensante bien droite et de talent que l’islam a bridé ; peuple frustré prompte à accuser les autres de ses malheurs, et j’en oublie. Peu flatteur tout ça, je vous le concède. C’est en effet un état des lieux sans concession - dans ce tome 1 du moins -, que l’auteur fait sur cette population croyante qui vit encore de nos jours à l’âge de pierre, et qui rejette le progrès, la raison, l’égalité entre les hommes et celle entre les hommes et les femmes, la liberté de penser, la liberté de croire puisque l’on né automatiquement musulman et qu’il est impossible dans cette religion, sans risquer sa vie, de la rejeter. (Paix et amour on vous dit !)

"L’apostasie musulmane est sévèrement réprimée (généralement par la peine capitale) dans des pays tels que les monarchies du Golfe ou à un degré moindre, tous les pays où le droit est basé sur la Charia (quasiment tous les pays arabes hormis le Liban), mais également au Maroc, par certain juges qui s’inspirent de la Charia dans leurs décisions [...]"

Outre ce portrait peu flatteur mais vrai du monde musulman que j’ai énormément apprécié, j’ai aussi apprécié les réflexions que l’auteur avait sur la religion islamique à travers son personnage. Quand on lit ce livre, on voit que c’est un mec qui a pas mal raisonné sur les interdits, les règles, les notions… de cette religion ; et il va en profiter justement pour exposer ses arguments et les conséquences qu’il en tire. En quelques mots, il va montrer comment certaines traductions du Coran sont pour lui déformées au nom de la ruse (hila) et du mensonge (taqiya) encouragés par le Coran ; il va mettre en avant l’absurdité de certains versets, celui sur le voile était pas mal ; et il va critiquer la place trop prépondérante de la religion dans la vie du croyant et aussi le problème que pose cette religion par sa violence, sa haine de l’humain, sa peur de la vie, sa frustration qu’elle engendre, sa dictature, etc. (Et elle pire que les autres. Et les autres ce ne sont déjà pas des cadeaux.)

Mais croire qu’il ne critique que l’islam serait faux. En effet, l’autre point non négligeable du livre, c’est qu’il critique les occidentaux aussi. Leur aveuglement par rapport à l’islam (leur connerie de différencier l’islam de l’islamisme), et leur idiotie généreuse qui accepte toutes les attaques contre des droits durement acquis au nom de l’amour de l’autre. Quand bien même l’autre ne soit absolument pas amour, surtout pas envers ce qui n’est pas musulman et pas franchement non plus envers le mauvais musulman. Les textes sacrés musulmans sont très clairs là-dessus et les faits aussi, et au demeurant l’auteur insiste beaucoup dessus.
Mais cette critique du monde occidentale va plus loin, en montrant comment le monde musulman profite du génie des occidentaux alors qu’eux sont loin d’en être, ou encore en montrant à quel point l’islamophilie et la haine de soi (je parle de l’occidental) incitent la communauté des croyants musulmans à devenir très envahissante sur l’individu, le groupe, et le pays où il cherche à reproduire – ici dans des pays laïcs, démocratiques et libres – leur société archaïque, où l’homme et la femme sont les esclaves de dieu et sans raisons, puisque l’islam n’admet pas que l’homme ou la femme soient doués de raison et libre. Et pour l’islam et les croyants les plus fous, seul l’Umma est pure.
Pour en revenir aux occidentaux, cette observation de l’auteur qui est très juste montre à quel point, si on tire le fil de sa pensée, la mouise dans laquelle se trouvent les sociétés occidentales qui se voient remettre en cause par l’islam conquérant et qu’on laisse faire parce que ça fait chic d’être un idiot généreux et aveugle. Pire ! cette vision montre à quel point le musulman ne peut plus compter sur l’Occident, qui marche main dans la main avec l’islam, pour se décharger d’une religion envahissante qu’il ne veut pas forcément et le maintien dans une prison de carcans absurdes, dans un état d’esclavage à un dieu et une politique religieuse débile. Oui certains aimeraient bien pouvoir s’en dépêtrer, mais pour leur survie ce n’est pas conseillé, même ici !
Certes, on pourrait dire que ce monsieur grossit le trait, que tous les musulmans ne sont pas des intégristes. C’est vrai qu’il y a divers niveaux d’intégrisme. Mais comme l’islam modéré n’existe pas, Mahomet ayant lui-même légitimé la violence dans cette religion, franchement j’aurai tendance à dire qu’il ne grossit rien. Bien sûr, tous ne sont pas ainsi (même moi j’ai connu des musulmans qui mangeaient du porc et dénonçaient l’islam), mais ce « tous » est tellement une minorité qu’on ne peut pas fermer les yeux sur la majorité. Et pour moi c’est bien parce que ce « tous » est une minorité, que je veux mettre en avant l’intégrisme de la majorité. Car c’est cette minorité éclairée qui devrait être écoutée en Orient et en Occident, et c’est hélas celle que personne n’écoute et celle que personne ne protège même en Occident. Beaucoup de politiques, de médias occidentaux dit progressistes sont au contraire des rageux qui n’admettent pas que l’on n’accepte pas l’intégrisme de l’autre. C’est raciste, quand on les écoute, dans les faits c’est juste suicidaire mais ils sont trop bêtes pour s’en apercevoir…

Comme vous le voyez le sujet traité par ce bouquin est à charge contre l’islam et l’idiot, et l’auteur a raison d’adopter cette position, car laisser faire, ne pas s’interroger et méconnaître le problème est trop dangereux. Toutefois, on peut saluer aussi la lumière que l’auteur tente de mettre sur cette religion à travers son personnage qui est de double culture, chrétienne et musulmane, et aussi à travers l’approche de quelques courants musulmans mais pas stupides comme le courant mutazilite. C’était il y a des siècles, avant la Sunna et toutes les raisons politiques qui vont avec.

En résumé c’est un livre à lire pour le fond pas pour la forme, qui est je le rappelle à revoir même si ce n’est pas inintéressant, car il y a beaucoup de chose abordées (dont je n’ai pas parlé) et qui sont une bonne base de réflexion par rapport à l’actualité. Quant au tome 2 j’ignore complètement ce qu’il raconte, mais promis je vous en ferai part assez vite.

Merci à Babelio (d'autres avis et extraits) et à l'auteur. Lien Amazon.

Extraits :

"Je veux en venir maintenant à tous ces interdits qui assomment le croyant : ne crois-tu pas qu’ils tendent à traiter l’homme pareil à un animal, telle une créature dépourvue de sens moral ?" p.20

"Mais revenons un instant sur le port du voile dans le Coran. Fallait-il percevoir ces deux versets comme des commandements, des injonctions ? Leur lecture ne laisse pas cette impression, tant s’en faut. Il ne pouvait dès lors ne s’agir que d’une recommandation de l’Envoyé de Dieu, rien de plus. Il ne fut jamais donné par le Prophète aucun détail sur la tenue de la musulmane, hormis celle de ses épouses, lesquelles devaient se soustraire au regard des hommes. De telle sorte que, dans la société arabe du VIIème siècle, il s’agissait plus de préserver un ordre moral en public, une certaine décence. Certes, et quelle que soit d’ailleurs l’interprétation qu’on pouvait en retirer, pour autant le Coran eût jugé négativement toute libéralité des mœurs pour mieux condamner et la luxure, et la débauche, je me retenais toutefois de penser que l’archange Gabriel eût pu s’attarder sur des tenues vestimentaires ou des effets d’élégance féminine, dans ses révélations au Prophète. N’était-ce même grotesque de concéder à Dieu un thème aussi futile ? Comment pouvait-on croire que Dieu eût pu s’éterniser sur un problème aussi frivole pour jauger de la valeur de la vertu de l’homme sur terre. Fallait-il que l’on conditionne autant le sens moral de l’homme au port d’une étoffe pour la femme, et à sa façon de la porter ? Que valaient toutes ces contraintes vestimentaires pour la vertu de l’homme musulman, comme de la femme de les suivre ? Se couvrir le corps d’un jilbab ou d’un foulard (khimar) comme l’indique le Coran, ou bien encore la tête, un peu plus haut, un peu moins bas, en totalité : que tout cela paraît peu crédible ! Et je restais persuadé que cette histoire de voile, foulard, niqab, khimar, jilbab etc. étaient bien autre chose qu’une véritable révélation du messager. Compte fait, j’en venais à penser plutôt à des précisions et ajouts que les compagnons du Prophète ou leurs ascendants, et surtout d’autres personnes, avaient résolu d’inclure par la suite (pour former le corpus de la Sunna). Ceux-là avaient une idée en tête : prophétiser à leur façon la Révélation pour servir leur propre agenda politique ou sociétal."

"En parlant des ablutions. […] Il n’empêche, cet exercice, comme la plupart des nombreux rites collectifs de l’islam (le jeûne, le pèlerinage, l’immolation du mouton, l’aumône) n’a pas uniquement une fonction normative religieuse : il aboutit à l’intégration (corps et âme) complète de l’individu à la communauté des croyants. Une communauté solidaire, et selon les termes du Père Mohammed Abdeljalil, une ombrageuse ou agressive face à tous ceux qui lui sont étrangers… car ils doivent assistance et solidarité. Malheur à celui qui ouvre les yeux et sort de cette Communauté. En d’autres mots, ce rite honore cet esprit panurgique, grégaire, qui forme la trame confessionnelle d’intégration ou d’exclusion du croyant : une solidarité islamique qui constitue le liant symbolique par lequel l’individualité s’efface au profit de l’incorporation de chaque musulman au collectif, à la Communauté. En islam, le groupe prime sur l’individu, la foi collective sur l’individuelle, car le chemin du salut est plus évident à plusieurs." p.57

"N’épouse pas les femmes associatrices (chrétiennes, juives, polythéistes) avant qu’elles ne croient [se convertissent à l’islam], une esclave croyante vaut mieux qu’une femme associatrice… ne mariez pas vos filles à des associateurs (chrétiens, juifs) » (II,221)."

"A savoir, comment le musulman pourrait-il réconcilier l’obéissance au Coran et à la Sunna, avec le droit civil dans un pays où la base du droit n’est pas la Sharia ? De quelle manière un musulman pieux peut-il même envisager de s’intégrer et de respecter les principes et les lois de la société occidentale  où il a choisi de vivre, tout en suivant les préceptes du Coran et de la Sunna, alors même que l’Envoyé de Dieu lui ordonne de ne pas le faire ?
Et c’est effectivement  ce que l’Islam désire du musulman vivant en terre d’infidélité : organiser sa vie en marge de la société dans laquelle il aurait choisi de s’implanter (le communautarisme). Le Coran lui demande de se replier dans sa communauté et de lutter sous une forme ou une autre (Violence ou Fath, ou encore, Taqiya, Hila, Niya, mais également pacifiquement, par le truchement de l’immigration ou la natalité dans les démocraties occidentales) pour imposer l’islam en devenant le rite majoritaire. La difficulté d’intégration  de nous autres, musulmans, en territoire non-musulman (et vice-versa d’ailleurs), n’est jamais que la résultante de cette incompatibilité patente de notre dogme religieux avec les sociétés extérieures à l’Islam." P.137

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