Vivre avant qu'il ne soit trop tard
La chambre des merveilles de Julien Sandrel
Résumé :
Louis a 12 ans. Ce matin, alors qu’il veut confier à sa mère, Thelma, qu’il est amoureux pour la première fois, il voit bien qu’elle pense à autre chose, à son travail sûrement. Alors il part, fâché et déçu, avec son skate, et traverse la rue à fond. Un camion le percute de plein fouet.
Mais il n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado, quand on a presque quarante ans…
Mon avis :
La chambre des merveilles est un roman qui faisait déjà grand bruit avant de sortir, parce qu’il a plu à tous les éditeurs et même à un cinéaste ! Et mon avis est que oui et non je ne comprends que partiellement cet engouement. Oui par instant ce livre donne quelques beaux passages notamment assez drôles, et non car c’est assez convenu ce qu’on trouve dedans. Je ne suis pourtant pas familière de ce genre, mais vraiment pas, pourtant avant de lire le bouquin je savais ce qu’il allait comporter en matière de crise existentielle. J’entends par là niveau réflexion profonde, du genre : « j’ai donné toute ma vie à mon travail et je n’ai pas profité de ma famille », « je n’ai pas de réel ami car j’étais trop accaparée par mon travail », « si jamais il se réveille, promis, je passerai plus de temps à vivre pour lui et moi », etc., etc., vous avez compris.
Alors, je n’ai rien contre ce genre de réflexion, surtout que je suis tout à fait le genre de personne à prendre le temps de vivre et à prendre le temps d’être bien, mais pour ma part je trouve ces phrases pas franchement réalistes, car elles ne font jamais dans la demi-mesure. Certes dans ce cas on comprend pourquoi elle dit ça, sa vie s’écroule et vu la vie qu’elle mène ça colle parfaitement à ce genre de réflexion, mais voilà… la vie c’est aussi la vie et il faut bien vivre, donc travailler, de ce fait on ne peut pas chaque instant de chaque jour passer son temps à vivre 100% pour sa famille et pour soi. La vie n’en laisse pas le loisir, du coup quand je vois ce genre de réflexion dans un ouvrage ça a une tendance à m’horripiler parce que ce n’est pas la vie. Oui dans un moment de détresse on peut penser cela, mais dans le même temps on peut aussi se dire que c’est la vie et qu’on ne peut pas toujours être disponible pour ceux qu’on aime.
Pour le reste cependant je vais être plus souple. Certes on retrouve la sempiternelle liste des envies à faire avant de mourir. On retrouve le cliché de la mère et de la fille qui sont opposées et qui se réconcilient après tant d’années passées à se côtoyer sans se comprendre. On retrouve encore la rencontre entre la mère triste et un homme à l’histoire tragique ; la première rencontre ratée, la fuite, la culpabilité… Bref ! On retrouve beaucoup de lieux communs, mais bon ce n’est pas grave car je conçois qu’on ne puisse pas toujours être original et ma foi si c’est un peu agaçant d’en voir en si grand nombre dans si peu de pages, ça passe néanmoins plutôt bien si on lit ces lignes rapidement. (Ce que j’ai fait.)
Alors finalement qu’est ce qui m’a plu ? Ben je vous répondrai, la drôlerie. Ça c’était original. En effet, ces sujets ne sont jamais abordés de manière très drôle, et pourtant malgré le sujet grave et tragique Julien Sandrel a su mettre dans ces pages une belle dose d’humour bien faite et bien écrite, tout cela sans pour autant passer en plus par des situations abracadabrantes. Effectivement, ici l’humour vient de la manière dont les personnages vivent la scène et non spécialement de la scène, ce qui rend le récit plus réel au final, et ça j’aime. Et j’aime doublement quand en plus on essaye de voir le bon dans le mauvais, comme le fait cette femme dans son malheur via notamment la liste d'envies de son fils.
En conclusion, ce n’est pas toujours réaliste dans la réflexion, ça manque de distance, il n'y a pas vraiment de surprise non plus, mais les quelques scènes du journal et ce qui en ressort, valent leur pesant d’or. Je pense donc qu'il plaira à beaucoup.
Merci aux éditions Calmann Lévy.