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Flûte de Paon / Livre-sse livresque

28 mars 2021

"Dans la barque de Dieu" de Ekuni Kaori

Dans la barque de Dieu de Ekuni Kaori

dans la barque de dieu

Résumé :

Yôko vit dans le souvenir de son seul amour, qui lui a donné sa fille Sôko. L’homme est parti avant de savoir qu’il allait être père, mais en affirmant qu’il reviendrait et la retrouverait où qu’elle soit. Depuis, Yôko change de ville tous les ans, comme dans un jeu de cache-cache avec cet homme supposé être à sa recherche. C’est ainsi qu’elle vit «?dans la barque de Dieu?», remettant volontairement son destin entre les mains du hasard. Mais quand Sôko demande à s’inscrire dans un lycée avec internat, Yôko sent la fragile construction de sa vie s’effondrer. Si sa fille la quitte, la seule preuve que sa vie et cet amour ne sont pas une illusion disparaît. Ce roman élégant, subtil, mélancolique, alterne les voix de Yôko et de sa fille, comme deux visions féminines et décalées d’une même réalité?: l’une, Sôko, qui découvre en même temps que la liberté les mensonges et l’irréductible étrangeté de sa mère, l’autre, Yôko, qui ne s’est jamais laissé apprivoiser par personne, si ce n’est par ce fugitif amour.

Mon avis :

L'idée de départ est bizarre ; Japon ?
Bon c'est justement cette originalité qui en fait un livre agréable à lire. On vagabonde avec cette femme et sa fille, on découvre les deux voix, le temps passe et forcément arrive un jour où rien ne va plus... La réalité n'est pas le rêve, et le prisme de l'autre pose problème.
Ce n'est pas le genre d'histoire que je préfère mais c'est une histoire que j'ai pourtant aimé lire. D'accord j'aime le Japon mais ça ne fait pas tout. Là y a un truc.

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21 mars 2021

"Les croix de bois" de Roland Dorgelès

Les croix de bois de Roland Dorgelès

Résumé :

Les Croix de bois, chef-d’œuvre de Roland Dorgelès, engagé volontaire, est un témoignage exceptionnel sur la Première Guerre mondiale.
Avec un réalisme parfois terrible mais toujours d’une généreuse humanité, la vie des tranchées nous est décrite dans toute son horreur et aussi sa bouffonnerie, son quotidien et ses moments d’exception.

Mon avis :

Roland Dorgelès fut un engagé volontaire de 14-18. Un an après la guerre il raconte dans un roman son vécu, et entretient le souvenir de ceux tombés au combat alors qu’en parallèle le gouvernement dit qu’il y a plus urgent. Il est vrai qu’avec la France à reconstruire les morts peuvent attendre, mais pour ce rescapé de cette guerre il faut en parler. Mettre des mots sur les maux. Ne pas les oublier.
Alors en racontant les combats absurdes, les attentes mortelles, cette armée en guenille à peine entretenue, cette armée citoyenne et non de métier où il n’y a même pas un cuisinier de convenable, il va raconter. Tout raconter.

On n’y verra donc les horreurs de la guerre, l’attente plus ou moins angoissante des tranchées, les traces de la propagande dans l’esprit des jeunes soldats, le rapport entre les soldats et entre les soldats et les habitants, les codes, etc., etc. Et de fil en aiguille, il me semble que certaines idées tombent. Comme celles de cette solidarité entre soldats ou encore cette union sacrée de la nation, non pas qu’elles n’existaient pas, mais elles sont à remettre dans leurs proportions, dans leurs limites.

Plus personnellement, j’ai apprécié ce livre pour l’éclairage qu’il donne sur cette guerre à l’intérieur des tranchées comme à l’extérieur, néanmoins j’avoue que n’étant pas fan des récits de guerre je l’ai aussi parfois trouvé un peu long.

28 février 2021

"L'envie : du ressentiment" de Matthieu Terence

L'envie : du ressentiment de Matthieu Terence

Du ressentiment : envie

Résumé :

“ L’envie est, avec l’orgueil, l’un des péchés du diable. En suivant la carrière du Mal à travers les siècles, on comprend que l’envie se soit muée en ressentiment.
Cet affect caractérise aujourd’hui l’ère d’uniformisation mondiale à laquelle la modernité donne lieu. Comme l’ont pressenti Nietzsche, Bernanos ou Robert Bresson, chacun envie désormais les autres pour ce qu’ils ont, pour ce qu’ils font ou même pour ce qu’ils sont. Et, paradoxe diabolique, c’est bien à cette condition ressentimentale que le monde suit sa course à l’indifférenciation. ”

Les sept péchés capitaux, ce n'est pas seulement de la théologie, c'est aussi de la littérature. Il fallait Mathieu Terence, l'auteur de L'autre vie, pour nous raconter les affres et les terreurs du désir de possession.

Mon avis :

Parmi les sept péchés capitaux, il en existe un qui se nomme l’envie dont le ressentiment est le moteur principale selon l’auteur.
Pour approcher ce péché capital, l’auteur va faire partir sa réflexion de la Bible pour en venir jusqu’à nos jours, car qui mieux que le diable est à l’origine de ce péché ? En commençant par la Bible et son diable, l’auteur va donc poser le tableau de ce qu’est l’envie. Comment se manifeste-t-il ? Et qu’en pensaient les saints et autres gens d’Eglise ? Pour Grégoire 1er , l’envie a « pour progéniture la haine, la discorde, la diffamation, la joie de voir autrui dans l’adversité, le chagrin de le voir prospérer. » p.35

Tout cela reste bien évidemment en surface, néanmoins cette approche historique et philosophique permet de voir l’évolution du diable dans les discours et même dans la société quand « le démon se retire des débats théologiques » pour « envahir l’art et les asiles ». p.21

Aujourd’hui, excepté quelques hurluberlus, plus personne ne croit au diable, mais lui et son envie ont-ils disparu pour autant ? Non, car le diable peux prendre différentes formes, et à entendre l’auteur l’une des pires formes est celle du ressentiment. Ce ressentiment qui naît de l’envie. L’envie à ne pas confondre avec la jalousie.
 « La jalousie est une possessivité, quand l’envie est une convoitise. On est jaloux de son bien ou de ce qu’on considère comme tel, comme l’avare l’est de son magot. Le jaloux vit dans la terreur de perdre, l’envieux est rongé par la rage de s’approprier ce qui lui paraît lui revenir et qui, par malchance ou par injustice bien sûr, est le propre d'un autre », & « L’envie n’est d’ailleurs pas proportionnelle à la valeur objective de la « chose » désirée. Descartes maintient qu’elle est une passion, « une espèce de tristesse mêlée de haine qui vient de ce qu’on voit arriver du bien à ceux qu’on pense en êtres indignes » ». p. 36

Une fois cela fait, toute sa réflexion dénoncera les excès de ressentiment, de ces groupes ou de ces personnes envieuses, qui ne pouvant posséder ce qu’ils pensent leur revenir de droit et sans effort, souhaite le malheur de celui qui a. Saboter les bases de la société pour que tout le monde vive en état d’échec permanent, serait l’idéal de l’envieux. L’envieux aime bien se présenter en victime, et ainsi justifier sa haine.

Tout cela est bien beau, mais au final dans notre société actuelle, où diable le diable se cache-t-il ? Dans l’argent, la société de consommation, le pouvoir, les belles idées politiques enfin de premier abord. Bref ! Il se cache de partout et fait adopter de nouveaux comportements. Mais le problème c’est qu’au nom de l’envie que l’on présente toujours comme normale dans nos sociétés, c'est qu'elles basculent souvent dans des excès idéologique ou comportemental comme le narcissisme. La réflexion va encore plus loin mais arrêtons-nous là.

En résumé, très intéressant tout cela, il y a matière à la réflexion, mais pour être honnête j’ai trouvé le propos de l’auteur parfois un peu confus, - à moins que ça soit ma fatigue qui en soit responsable ? -, j’admets en effet avoir eu parfois du mal à suivre le cheminement de ce dernier. De plus, j’ai eu quelquefois l’impression qu’il tenait des propos qui auraient demandé plus de nuance et d’explication. Et enfin et au final, je trouve que l’auteur s’est un peu éloigné de son sujet. Même si tout est bon à prendre pour base de réflexion.

Babelio et les Editions du Cerf.

Extraits :

"A la différence des six autres péchés, l'envie n'est liée à aucun plaisir, sinon celui que procure l'humiliation - encore est-ce un plaisir masochiste. Se méfier, se plaindre, se sentir victime d'injustice, blessé par l'avoir ou par l'être de l'Autre, sans espoir de trouver la paix sinon en agissant contre la personne qui nous semble jouir de ce qui nous revient de droit, autan de station discrète scandant le calvaire de l'envie, [...]". pp 29-30

"Celui qui n'est pas envieux fait des envieux. Une autre tactique consiste à se rabaisser, à s'enlaidir, à se plaindre. "Faire pitié plutôt qu'envie" est la nouvelle injonction de l'époque contemporaine." p.44

"Là où le dissolu peut prétexter la concupiscence, le lâche la pauvreté, le violent la colère, l'envieux n'a aucune excuse, sinon son impuissance à obtenir ce dont il conteste la jouissance à tel ou telle." p.38

"L'envieux de passif, peut devenir actif. Le dépit peut enfler son agressivité et le pousser à provoquer l'infortune, la faillite, l'échec, voire pire, de celui dont la réussite ou le bonheur l'offusque." p. 39

10 février 2021

"Le château de mon père : Versailles ressuscité" de Collectif.

Le château de mon père : Versailles ressuscité de Collectif.

le château de mon père Versailles

Résumé :

Comment imaginer que voici 150 ans, il a fallu toute la détermination de Pierre de Nohlac pour sortir de l'oubli le Château de Versailles ?

Comme toute sa famille, Henri mène une vie de château... Et pas dans n'importe lequel ! Au château de Versailles où son père travaille. Mais grandir dans un palais ne rend pas la vie forcément plus belle, surtout lorsque votre père a décidé de dédier la sienne à cet édifice.

En 1887, Pierre de Nolhac est nommé attaché au Château de Versailles afin de veiller sur ses collections, derniers trésors d'une royauté désormais abolie. Le jeune homme a de l'ambition : rapidement promu conservateur, il veut que le palais du Roi-Soleil retrouve une place de choix dans le coeur des politiciens, des artistes, des Français tout simplement. Il mettra toute son énergie pour redonner au lieu ses lettres de noblesse... Mais à quel prix pour sa vie personnelle et celle de ses proches ?

Son fils Henri nous conte sa vie de famille et de château, un récit mêlant joies et drames, petite et grande histoire...

Mon avis:

Versailles château royal ! Il se dit que ce château fut construit par Louis XIV sur la base d’un pavillon de chasse que Louis XIII affectionné. Il se dit aussi que Colbert n’appréciait pas cette dépense et cette idée, pour lui, seul Le Louvre était le véritable château des rois. Qu’à cela ne tienne ! Louis XIV veut son château qui marquera le monde. C’est chose faite. En 1682 Louis XIV y emménage avec sa cour.

Des empires, une restauration, des monarchies, des révolutions, des républiques, plus tard, Versailles n’est plus que l’ombre de son soleil. Trop royal pour la Troisième République, le château est plus un embarra qu’autre chose, surtout quand une impératrice allemande désire le voir.

Cela étant, un maigre budget est alloué pour ce vieux musée qui n’intéresse plus personne, et Pierre de Nolhac vient d’être nommé conservateur sous la direction de Gosselin qui lui fait bien comprendre que ce château n’a d’intérêt que pour écrire dessus mais non travailler dessus. Toutefois, suite à une conversation Pierre de Nolhac change d’avis, et ce dit que conserver et restaurer ce château est tout aussi important. Ça sera la mission de sa vie, une mission qui lui fera oublier un peu sa famille… Nous suivons donc ici sa vie, son œuvre, son combat pour la survie de ce château.

Père médiocre, homme d’un autre temps, ne jugeons cependant pas cet homme à l’aulne de ses relations familiales - sommes toutes classiques pour l’époque -, mais plutôt sur son combat contre une République un peu trop négligente avec ses rois. Car en effet, Pierre Nolhac, c’est ce passionné qui fera tout pour réveiller l’intérêt de ce château, et de débrouille en aide providentielle il y arrivera.
Mais comme cette histoire s’étale sur le temps long forcément l’histoire de la résurrection ne se fait pas sans accro. En effet, entre les ouvriers profanateurs et les évènements mondiaux comme la Première Guerre mondiale ce château connaîtra des ralentissements dans sa régénération, parfois même d’autres fonctions.

Vous l’avez compris cette BD c’est l’histoire d’un château qui renaît et d’un homme, mais c’est aussi bien plus que cela. Effectivement, ces pages sont aussi un coup de projecteur sur l’époque où nous voyons renaître de ses cendres le Paris de la belle époque. Ce Paris qui attire les talents artistiques, les esprits les plus audacieux, les femmes les plus élégantes, les grands de ce monde. Ce Paris bouillonnant, dont le nom fait encore rêver. Les auteurs nous ont vraiment plongés dans tout un contexte qui nous aide au final à mieux appréhender l’histoire du château. L’immersion est totale.

Avant de finir un petit mot sur les dessins. Pour être franche la BD n’est pas un genre que j’affectionne particulièrement, surtout si cette dernière est en noir et blanc. Toutefois, si je ne suis pas tombé en pâmoison devant les dessins (que je trouvais parfois un peu grossiers), je dois néanmoins avouer que la retranscription de la décrépitude du château ou le faste de certaines scènes était à la mesure du sujet. Les fissures que l’on n’a pas manqué de dessiner sur les murs, les papiers qui traînent parterre comme dans une vulgaire halle aux poissons, en passant par les marques d’un poulet fumant ou encore d’un voile nuageux en blanc volant, il faut bien admettre que le travail pour plonger le lecteur dans une époque, une sensation, un instant, a fonctionné efficacement.

En résumé c’était une lecture intéressante qui remplit bien son job, juste dommage de l’avoir reçu abîmée.

Merci à Lecteurs.com, La Boîte à bulle, le Château de Versailles.

25 janvier 2021

"Pour Clara : prix 2020" de Collectif

Pour Clara : prix 2020 de Collectif

Source: Externe

Résumé :

"Écrire a toujours été pour moi une manière d’interagir avec le monde. Grâce aux mots, je transmets mes sentiments, mes peurs, mais aussi mon univers".
Sept jeunes auteurs entre douze et dix-sept ans ont pris la plume pour écrire une nouvelle qui leur ressemble.
Ils nous emmènent dans les tranchées un soir de Noël, ou dans l’Angleterre victorienne, nous font découvrir des sociétés futuristes, nous accompagnent dans la fin de l’enfance, ou dans les pas d’une aveugle, nous plongent dans la guerre, encore. Ils nous dérangent, nous bouleversent, nous interrogent, nous remuent.
Lisez-les.

Ce prix a été créé en mémoire de Clara, décédée subitement à l’âge de 13 ans des suites d’une malformation cardiaque. Destiné aux adolescents qui, comme elle, aiment lire et écrire, il est décerné par un jury présidé par Erik Orsenna et composé de personnalités du monde des lettres et de l’édition.
La vocation du prix Clara est caritative. Les bénéfices de vente de ce livre seront versés à l’Association pour la Recherche en Cardiologie du Fœtus à l’Adulte (ARCFA) de l’hôpital Necker-Enfants malades.

Mon avis:

Voilà quelques années que je n’avais pas ouvert un Prix Clara. Ce prix qui laisse le talent de jeune auteur en herbe s’exprimer librement dans une nouvelle.
Comme dans mon souvenir ce livre propose une large palette de sujet, de style d’écriture, d’idée : pêle-mêle on n’y retrouve des sujets sur la guerre, les violences conjugales, de la SF, etc. Nous remarquons aussi que l’inspiration puise pour beaucoup dans l’actualité plus ou moins récente, signe évocateur d’une jeunesse qui se sent concernée quand bien même elle y va avec ses petites naïvetés et faiblesses.

Pour commencer notons que chacune de ces nouvelles possèdent des qualités littéraires certaines – ce qui fait plaisir à notre époque. Ces jeunes manient les effets, les sensations, les sentiments, les mots, les images avec adresse, même si ça reste assez banal dans l’approche. Cependant comme chaque année j’avoue que j’ai ma préférence en la nouvelle « Les heures sombres ». Nouvelle qui parle d’un soldat dans les tranchées de 1914-1918. Pour ce texte, j’ai trouvé que le jeune auteur a fait preuve d’une grande maturité dans l’approche psychologique d’un soldat éloigné des siens, j’ai vraiment trouvé un portrait plausible et probablement réel d’un soldat lors de cette guerre. Ce côté oui et non, ce côté personne et tout le monde.

Une autre nouvelle qui n’était pas mal dans son genre : « Les couleurs de la douleur ». Ce texte qui parle d’une des innombrables violences familiales existante possède une fin étonnante, mais hélas un texte assez dur à lire, et ceci malgré les images et périphrases qui tentent d’adoucir le propos. C’est joli les coquelicots, mais bon, ça n’enlève rien à l’horreur.
Outre la dureté, ce qui peut être dérangeant c’est la naïveté du dialogue, exemple vers la fin de la nouvelle : « Mais si tu fais du mal, il aura gagné. Il aura détruit la merveilleuse petite fille que tu es. […] Ne cède pas à la colère. Je t’en prie. Sois forte. » Franchement, c’est un peu agaçant de lire cela, tellement c’est cliché ! En plus d’être horrible quand on voit comment ça se finit pour elle. Mais bon, c’est une jeune personne on pardonne l’innocence et l’approche. A moins que ce dialogue soit volontaire pour en faire plus ressortir l’absurdité de par la fin. Question...

Dans la première nouvelle on retrouve un peu ce style de dialogue réchauffé, mais encore une fois la jeunesse et l’absence de recul, ainsi que l’absence d’expérience excuse les facilités que l’on voit déjà beaucoup dans de livre publié.
Quant aux autres nouvelles, elles sont évidemment très bien aussi. Mais le sujet me convenait moins ou le genre n’était pas pour moi comme la SF par exemple.

En résumé c’est un livre écrit pour la bonne cause et pourquoi ne pas l’offrir à des jeunes qui se rêvent en auteur (e).

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20 janvier 2021

"Fragments de violence. La guerre en objets. De 1914 à nos jours" de Bruno Cabanès.

Fragments de violence. La guerre en objets. De 1914 à nos jours de Bruno Cabanès.

Bruno Cabanès fragments de violence

Résumé :

La guerre provoque plus de destructions que toute autre activité humaine. Elle crée aussi de vastes quantités d'objets - fabriqués, transformés, utilisés par les combattants et les civils. Nés de l'expérience du danger, de la souffrance et du deuil, de la solitude du prisonnier ou de l'ennui du soldat, nous les appelons "objets de la guerre". Ils témoignent de l'épreuve de la faim, de la vie sous occupation ou en déportation, de la mobilisation de tous dans la guerre totale.
Outre les armes et les uniformes, ils se composent notamment d'objets d'artisanat : douilles d'obus ciselées en 1914-1918, kimonos patriotiques de la seconde guerre sino-japonaise, briquets décorés par des soldats américains au Vietnam, tapis représentant des drones pendant la guerre d'Afghanistan. Issus de collections conservées en Europe, aux Etats-Unis, en Asie et en Australie, les objets réunis dans cet ouvrage forment un musée imaginaire où s'élaborent des rapprochements qui nous surprennent et nous émeuvent.
Ils nous invitent à approfondir notre connaissance de la guerre dans sa dimension concrète, corporelle, sensible et à sortir du monde occidental pour explorer d'autres cultures.

Mon avis :

A travers l’approche d’objets de toutes sortes : vêtements, lettres, ustensiles ou encore des bijoux fabriqués par des soldats ou des prisonniers, Bruno Cabanes nous propose de découvrir la guerre autrement. Et plus particulièrement les guerres du XXe siècle.

Pour beaucoup d’entre nous, aborder la guerre c’est aborder la politique et/ou la masse, au point qu’on en oublie souvent l’individu. Avec ce livre l’historien Cabanes nous propose de faire le chemin inverse afin de sortir de cette masse pour l’individualité de chaque vie. Qui elle-même en rejoindra d’autres…
Cette petite histoire de l’intime, du quotidien, rejoint bien évidemment la grande Histoire et la masse, toutefois grâce à cette approche personnelle il faut bien dire que le concept de guerre perd de sa froideur pour toucher plus directement le lecteur au cœur. Enfin, pour celui qui se sent toucher, car j’avoue être restée plutôt roide devant, étant donné que j’ai une certaine distance avec les objets. Mais quoi qu’il en soit, cela n’enlève rien à l’émotion qu’un lecteur moins froid pourrait ressentir devant une veste déchirée ou un jouet d’enfant dévasté.

Bien évidemment, ce livre n’est pas qu’une succession d’images qui parlerait plus ou moins d’histoire personnelle, si ça n’avait été que ça le livre n’aurait pas grand intérêt étant donné que l’actualité ne manque pas d’intimité révélée. Mais, sortant du sensationnelle, l’historien va nous rappeler comment un objet peut parler d’Histoire, en mettant en avant la peine ou la résistance des gens, visibles par exemple avec la création de cuillère par les prisonniers animalisés. Il va nous montrer aussi le temps long d’un conflit et tout ce que ce temps implique de découragement et d’appréhension. Etc, etc.
Bref !  Grâce à ces objets on n’aborde un peu mieux le quotidien et la psychologie de la guerre. On approche bien inévitablement les séquelles qu’elle peut laisser une fois le conflit fini. Davantage approchée grâce à chaque introduction au début des grandes parties qui introduit un contexte, une évolution,… et qui permettent au lecteur de mieux se repositionner sur l’échelle du temps et du contexte.

En résumé, ce n’était pas un livre désagréable mais vu mon peu d’attrait pour les objets du quotidien je n’ai que partiellement accroché. J’ai été moins touchée que d’autre. Est-ce que j’ai appris des choses ? Sûrement, mais heureusement que je n’ai pas eu un cours de licence ou de master entièrement et totalement sous cette forme car j’aurai vite décroché.

Merci aux éditions du Seuil et Babelio.

24 décembre 2020

"Revue Dada n°249 : Soutine"

Revue Dada n°249 : Soutine

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Résumé :

Paysages ou personnages qui se contorsionnent, déformés par la vie comme lui… Chaïm Soutine (1893-1943) est un de ces peintres dont on identifie instantanément le travail ! Pauvreté, maladie, exil : Soutine a tout du peintre maudit. Qui est vraiment cet artiste qui ne peint que des sujets classiques, mais dans un style tourbillonnant, aux couleurs incandescentes ? Avec lui, on plongera aussi dans une époque, le Montparnasse des années 1920-1930. Suivons son histoire mystérieuse, pour revivre ce bouillonnement artistique sans précédent qui a fait basculer l’art dans la modernité.

Mon avis :

Chaïm Soutine fut un peintre du XXe siècle. Il suit de près et fait parti de ces mouvements qui cherchent à libérer la peinture de son académisme en donnant une autre vision de la réalité.
Point ou peu de repère bien établit, avec Soutine tout est souvent tourmenté et décrit son désespoir le plus profond ou l’époque la plus tourmentée. On le rapproche souvent de l’expressionnisme allemand avec sa gravité dans les paysages et les portraits que sont par exemple Grotesque (autoportrait) ainsi que Le village.

Grotesque | Paris Musées
Grotesque

Le Village | Musée de l'Orangerie
Le village


Cependant il ne faudrait pas voir en lui un artiste maudit, un Lautréamont de la peinture qui se lamente sur son sort quand bien même il peut détruire ses œuvres. Car c’est en effet aussi un peintre qui sait peindre normalement si je puis dire. Effectivement quand il peint des harengs (souvenir de l’époque où il n’avait pas un sous) ils sont très reconnaissables. La nourriture est d’ailleurs un sujet récurrent avec ce peintre qui a manqué une bonne partie de sa vie.
Comme nous le voyons, Soutine n’appartient pas vraiment à un courant particulier, il a comme d’autres peintres, peint de différente manière. Il a suivi ses idées et ses humeurs. Cela étant, il avait quelques traits de caractères bien typiques, comme la réutilisation des toiles du 18e siècle qu’il réutilisait après avoir gratté ou encore l’utilisation abusive du rouge vermillon.

Je vous parle de Soutine, mais quid de la forme du magazine ? Je vous l’avoue, je découvre Dada et alors que je pensais que c’était un magazine pour enfant, je découvre en fait que ce n’est absolument pas du tout le cas. Effectivement, un adulte comme un enfant y trouve son compte, et sa présentation par thème d’idée en fait un magazine facile à lire tout en aidant plus facilement à la mémorisation. S’ajoute à cela d'autres catégories et notamment un espace sympathique qui se nomme « dans le tourbillon de l’atelier », qui offre un peu d’activité pour tenter de reproduire l’artiste mis en honneur. Le côté actualité est quant à lui intéressant mais le côté exposition n’intéressera vraiment que les gens de la ville, les expositions étant hélas que là-bas.

Résumons, un magazine sur l’art qui s’adresse aux enfants comme aux adultes, moi je dis OK pour la série !

Merci à Babelio et Dada.

16 décembre 2020

"La Goulue" de Maryline Martin

La Goulue de Maryline Martin

la goulue livre

Résumé :

À seize ans, la future reine du cancan est blanchisseuse. Mais le soir, Louise Weber « emprunte » les robes des clientes pour courir à l'Élysée Montmartre. Celle que l'on va surnommer La Goulue se fait rapidement remarquer par sa gouaille et son appétit de vivre. Au Moulin Rouge, elle bouscule les codes en arrivant avec un bouc en laisse, détournant ainsi l'interdiction faite aux femmes d'entrer dans un lieu public sans être accompagnées par un mâle ! Immortalisée par Toulouse-Lautrec et Renoir, elle va également s'imposer dans le milieu mondain et côtoyer les plus grandes personnalités de son temps - le prince de Galles, le shah de Perse, le baron de Rothschild, le marquis de Biron... - avant de tomber en disgrâce.
Pour mener à bien cette biographie, Maryline Martin s'est plongée dans le journal intime de la danseuse, conservé au Moulin Rouge. Elle a également consulté les archives de la société des amis du Vieux Montmartre, le service de la mémoire et des affaires culturelles de la préfecture de Police et les divers documents des bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris. À partir de ses recherches, elle a pu dessiner le portrait tendre et intimiste d'une figure incontournable de la Butte Montmartre : une femme libre, fantasque, généreuse et attachante.

Mon avis :

Il y a très longtemps (un peu par hasard) j’ai vu la pierre tombale de La Goulue au cimetière Montmartre. Je ne sa vais pas trop qui elle était alors. Depuis j’ai grandi et appris, mais je dois dire que je n’en connaissais que très peu de chose. Voilà un problème réparé grâce à Maryline Martin journaliste littéraire avec qui j’ai découvert une fleur épanouie ou fanée de ce vieux Montmartre, loin des grands boulevards et un peu canaille.
Blanchisseuse qui chipée les vêtements de ses riches clientes, à ce modèle qui enchanta la toile de quelques peintres, en passant par cette danseuse qui imposa sa signature, sa verve, son caractère, sans oublier cette dompteuse de lion, cette femme au caractère bien trempé et cette fin miséreuse, Maryline Martin nous racontera tout de cette danseuse un peu filante qui marqua à jamais Paris. De cette femme au sacré caractère.

« Tu leur diras que j’ai été une bonne fille », il est vrai qu’elle a vécu à son époque, une époque où la force de caractère et la brutalité étaient comme nécessaires à la survie dans ce milieu modeste. Il est vrai qu’elle a eu des anicroches avec des collègues, avec son mari sur qui elle tira des coups de révolver, avec son fils. Il est vrai qu’elle ne se laissa pas faire et il en cuira à plus d’un de la titiller. Il est vrai qu’elle sait se défendre ! Mais il n’empêche, il est vrai que cette femme était généreuse avec sa fortune trébuchante et sonnante, ou ses poches trouées. Elle était de cette espèce qui donne une fleur à tout le monde, et trouve constamment de la joie de vivre. Elle ouvrait sa roulotte aux plus pauvres qu’elle, les cages (vides) de ses animaux aux amis pour des fêtes bien arrosées.
Un certain mauvais caractère la Louise Weber, mais un cœur sur la main, du ressort et une résignation sans égale, c’est indéniable. Elle savait constamment se réinventer pour trouver de la joie dans son quotidien et continuer son petit bout de chemin.

Quand vous aurez fini ce livre, Louise Weber dit la Goulue n’aura presque plus de secret pour vous. Vous y découvrirez une femme libre, fantasque, légère, insouciante. Impossible de l’apprécier entièrement ou de la détester pareillement. A la toute dernière page de ce livre, vous aurez découvert une femme de son milieu très souvent insatisfaite mais toujours fidèle à elle-même.

6 décembre 2020

"Babylone, tome 1 : Le réveil des passions" de Françoise Bouron et Catherine David

Babylone, tome 1 : Le réveil des passions de Françoise Bouron et Catherine David

Françoise Bouron, Catherine David

Résumé :

Dans les secrets de la cité disparue…

VIe siècle avant Jésus-Christ.
La rumeur gronde dans Babylone…
Devant chacun des temples de la cité millénaire, des cadavres mutilés sont découverts.
Punition divine pour châtier les babyloniens ou crimes abjects ?
Ces meurtres incompréhensibles réveillent les passions enfouies, alors que la peur, la suspicion et l’angoisse traversent les ruelles de cette capitale en proie à de terribles luttes de pouvoir.

Un vieux roi malade, une reine conspiratrice, un prince fou, un général fougueux, un armateur blessé dans son honneur, mais aussi une jeune fille rêvant d’émancipation… Tous veulent connaître la vérité sur ces forfaits et protéger la grandeur de la ville mythique.

Trahisons, ambitions, intrigues amoureuses…
Entre thriller et saga historique, ce roman flamboyant nous entraîne au cœur de la vibrante et sulfureuse Babylone.

Ce roman est accompagné, en fin d’ouvrage, d’une visite guidée de Babylone, ville splendide située au bord de l’Euphrate, dont il ne reste aujourd’hui qu’un site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’unesco. les jardins suspendus de Babylone étaient l’une des sept merveilles du monde antique.

Mon avis :

Je ne sais pas si je vais être aussi originale que d’autres lecteurs, mais en effet ce livre ne casse pas trois pattes à un canard. Le sexe, les intrigues royales, les meurtres, la peur du châtiment divin c’est récurrent dans l’histoire et pas uniquement réservés à Babylone. Certes ce livre n’avait pas cette prétention première il me semble, il voulait ressuscitait un décor et une dynastie à travers ces diverses intrigues afin d’offrir aux lecteurs un peu d’inconnu que le sempiternel médiéval ou époque moderne. Mais honnêtement… ce n’est pas franchement une réussite.

Oui bien sûr, il y a un décor – mais à la limite, on n’imagine pas l’Egypte pharaonique si différente –, il y a aussi le panthéon divin légèrement abordé ainsi que la pratique religieuse, il y a aussi la dynastie de Napobolossare présente ici. Mais outre le traitement du personnage de Lâbâsi-Marduk dans le texte que j’ai trouvé réussit, tout le reste a pour ma part fait… pschitt.

On nous promettait de l’action, un décor grandiose (la couverture va dans ce sens également),  un lieu mystérieux, une dynastie marquante, mais finalement j’ai vraiment l’impression de n’avoir rien eu de tout ça, - à part une éternité devant moi pour m’ennuyer. Des trop longues descriptions, des scènes qui s’éternisent, de la lenteur, du déjà vu, et finalement rien de vraiment consistant à l’arrivée qui pourrait me donner l’envie de continuer à lire cette saga. Même sur le côté historique je n’ai pas trouvé grand-chose. Sauf les photos en fin de volume très intéressantes. Peut-être plus que le reste du livre.

Je viens de le dire c’est une saga, ce premier tome - tome de présentation - peut peut-être expliquer cette lenteur, espérons que le second soit plus nerveux.

Merci aux éditions XO.

5 décembre 2020

"Un crime sans importance" de Irène Frain

Un crime sans importance de Irène Frain

Résumé :

« Les faits. Le peu qu’on en a su pendant des mois. Ce qu’on a cru savoir. Les rumeurs, les récits. Sur ce meurtre, longtemps, l’unique certitude fut la météo. Ce samedi-là, il a fait beau. Dans les commerces et sur les parkings des hypermarchés, on pointait le ciel, on parlait d’été indien. Certains avaient ressorti leur bermuda et leurs tongs. Ils projetaient d’organiser des barbecues dans leur jardin.
L’agresseur, a-t-on assuré, s’est introduit dans la maison de l’impasse en plein jour. On ignore à quelle heure. Pour trancher, il faudrait disposer du rapport du policier qui a dirigé les investigations. Malheureusement, quatorze mois après les faits, il ne l’a toujours pas rendu. »
Face à l’opacité de ce fait divers qui l’a touchée de près – peut-être l’œuvre d’un serial killer –, Irène Frain a reconstitué l’envers d’une ville de la banlieue ordinaire. Pour conjurer le silence de sa famille, mais aussi réparer ce que la justice a ignoré. Un crime sans importance est un récit taillé comme du cristal, qui mêle l’intime et le social dans des pages tour à tour éblouissantes, drôles ou poignantes.

Irène Frain est écrivain. Parmi ses romans les plus connus, citons : Le Nabab (Lattès, 1982), Secret de famille (Lattès, 1989), Devi (Fayard, 1993), L’Homme fatal (Fayard, 1995), Les Naufragés de l’île Tromelin (Michel Lafon, 2009). Le Seuil a publié d’elle deux récits autobiographiques : Sorti de rien (2013) et La Fille à histoires (2017), ainsi qu’un récit biographique : Marie Curie prend un amant (2015).

Mon avis :

Chaque jour l’information nous apporte son lot quotidien d’injustice. Des enquêtes parfois bâclées, les oreilles de l’autorité bouchées, des gens assassinés pour de l’argent ou un regard, etc. notre quotidien ne manque en effet pas de sauvagerie. Sauvagerie et horreur qui ont un jour frappé à la porte de l’auteure Irène Frain, dont la sœur et marraine est morte des suites de ses blessures après une intrusion dans son domicile.
A ce jour, sur ce crime elle n’a que peu de réponse pour cent mille questions, l’enquête piétine, la justice piétine et la famille proche de la victime ne partage pas beaucoup avec elle. C’est ce parcours, ces questionnements, cette injustice qu’elle va nous raconter ici. Et j'avoue que ce n’est pas effarée, mais plutôt blasée que j’en suis ressortie. Car avec cette colère littéraire maîtrisée, d’où ressort une grande détresse et colère, Irène Frain raconte ce que l’on sait déjà sur notre société et notre justice paresseuse, sur les relations familiales compliquées et sur cette sauvagerie toujours grandissante. Car elle découvrira effectivement et par ses propres moyens, que sa sœur ne fut pas la seule victime, et que le quartier dit « sensible » n’est probablement pas étranger à toutes ces agressions.

Mais bien au-delà de ces questions judiciaires, ces scènes qu’elle imagine avec son juge imaginaire, cette injustice qu’elle ressent devant tant de lenteur, il y a toute une vie qui ressort par-delà la morte. Une vie dans une autre époque, où les liens qui les unissaient étaient encore présents, même si malgré la promiscuité d’un logement ils n’étaient pas non plus dominants. Une vie où le peu de chose en disait plus long qu'un grand discours. Une vie de séparation et d'incompréhension. En effet, ce n’est pas seulement l’image d’un crime sordide dont nous parle Irène Frain, elle nous parle aussi de son rapport à la famille, ses liens difficiles, ce modèle que fut sa soeur, sa réussite et son rapport à l’écriture qui donne d’elle une image fausse. Il fallait en passer par-là pour comprendre la colère.

Tout ceci évidemment, fait qu’elle en vient aussi à aborder la société, les relations avec les amis, la religion, Dieu, la mort. Dans un entremêlé de questionnements métaphysique et concret, l’épreuve l’interroge toujours plus dans ses convictions et ses motivations. Ceci indique bien au-delà de l'autrice, les ravages que font ces épreuves, tout en mettant en avant notre propre impuissance.

En conclusion et contrairement aux apparences, ce livre n'est pas tout à fait personnel, un mélange d'adulte et d'enfant dans le regard ; il est surtout une voix de plus qui s’élève contre la barbarie, contre la justice bien trop lente, débordée, si peu tournée envers les réelles victimes. Il faut que les choses changent.

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