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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
28 avril 2019

"Peine maximum" de Gilles Vincent

Peine maximum de Gilles Vincent

peine maximum

Résumé :

Février 1947, Basses-Pyrénées. Un petit garçon assiste à la pendaison de son père, chasseur de Juifs pendant l’Occupation. Soixante ans plus tard, une grande ville du sud découvre chaque jour le corps supplicié d’un vieillard. Très vite, l’enquête révèle l’origine juive des victimes. Le passé d’une ville remonte alors à la surface et lance un ex-flic, Sébastien Touraine, et une jeune psychanalyste, Emma Steiner, dans une course folle contre l’histoire refoulée de la Libération. Ils ont six jours. Six jours pour mettre la main sur le tortionnaire avant qu’il ait achevé sa mission. Le compte à rebours ne fait que commencer... Et si c’était dans votre ville…

Mon avis:

Peine maximum est un court roman policier, où l’on part à la recherche d’un homme qui tue ses victimes juives selon les procédés allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. Autant vous dire que sans être gore, ce n’est pas non plus un livre soft, puisque ça va loin dans l’idée (j’insiste sur le mot) du sadisme. Pour autant ce n’est pas un livre terrible à lire, l’auteur ne faisant pas dans le sensationnalisme et passant très vite sur les scènes macabres, comme sur le reste au demeurant. En effet tout va très vite, ce qui n’est pas plus mal car au moins ça reste sur l’essentiel. Bien que cela ne l'empêche cependant pas de développer ses personnages.

En ce qui concerne l’enquête maintenant, j’ai apprécié la personnalité que lui a donnée l’auteur en faisant jouer deux affaires distancées de plusieurs dizaines d’années, où s’ajoute une vengeance encore plus lointaine en rapport avec 39-45. (Ça fait un peu désordre dit comme ça, mais c’est très simple à suivre croyez-moi.) Toutefois, si j’ai bien apprécié le mélange des affaires, l’idée de la vengeance aussi, j’avoue que je n’ai pas marché entièrement avec le roman, car le suspense à défaut d’être absent souffre de lacune. Honnêtement, du départ on se doute que le patient a quelque chose de louche et que ce n’est pas un simple gars.
Cela étant, +1 pour la fin. En effet, pour une fois qu’un roman se finit mal, ça mérite le champagne ! Non je ne suis pas cruelle, mais toutes les fins qui se basent sur ce schéma habituellement se ressemblent, là on sort du prévisible. Alors ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça fait plaisir quand même.

En résumé, ce n’est pas un livre indispensable dans son genre. Bien qu’il soit rapide et pas si mal foutu, c’est un livre du genre un peu vite lu, vite oublié. Mais si vous tombez dessus, lisez-le car ce n’est pas non plus un mauvais moment de lecture qui vous attend. Ca se lit bien et vite.

Merci à Babelio et aux éditions Cairn

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26 avril 2019

"Le sang des mirabelles" de Camille de Peretti

Le sang des mirabelles de Camille de Peretti

Source: Externe

Résumé :

« Depuis le début de la cérémonie, la tête légèrement penchée en avant, elle avait gardé les paupières baissées comme l’aurait fait une fiancée soumise, mais son corps criait la roideur et l’orgueil. Malgré son jeune âge, il n’y avait en elle aucune douceur, aucune fragilité, aucune enfance. La parfaite beauté de la jeune fille, sa peau d’une pâleur extrême, ses petites mains jointes en prière, la finesse pointue de ses articulations que l’on devinait sous le lourd manteau vert doublé de fourrure, tout cela était tranchant comme la lame d’une épée. »
Au cœur du Moyen Âge, le destin de deux sœurs en quête d’émancipation à une époque vouant les femmes au silence. Un magnifique voyage dans le temps, qui dépoussière le genre du roman historique.

Chronique expresse :

Le sang des mirabelles, parle de l’histoire de deux jeunes sœurs qui se retrouvent dans un monde inconnu après le mariage de l'aînée. Ce monde inconnu leur réserve bien des surprises, bonnes ou non.

Je vais être franche, ce livre n’est pas un coup de cœur pour moi. Cela étant, si je ne ressors pas à 100% enchantée de cette lecture, j’admets que j’en ressors tout de même agréablement surprise. Agréablement surprise par le langage employé qui donne une touche désuète au roman ; agréablement surprise par ce moyen-âge un peu imaginaire, où les personnages n’ont pas de nom et où la géographie ne dit pas son nom ; et enfin agréablement surprise par ce conte cruel, où la rancœur, l’amour, la haine, la curiosité, la religion, promettent le pire comme le meilleur.

Vous l’aurez deviné, ici point de grande épopée, de grande aventure, plutôt des querelles et de la sournoiserie qui vous donneront envie d'estriller quelques personnages comme le chapelain vicieux et salopard. Toutefois, cette ambiance des coeurs et des esprits fait son effet sur le lecteur, et promet un bon moment de lecture et de réflexion, notamment sur l'inquisition.

A lire pour le plaisir.

Calmann-Levy.

16 avril 2019

Ce soir un livre... Notre-Dame de Paris

 

Ce soir dans ma bibliothèque un livre m'a appelée, ce livre.
Et je reste étonnée de voir que ce bâtiment médiéval parle à tant de personne à travers le monde.

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15 avril 2019

"A l'assaut ! La baïonnette dans la Première Guerre mondiale." de Cédric Marty

Sur Encre d'époque

Mon avis sur : A l'assaut ! La baïonnette dans la Première Guerre mondiale de Cédric Marty

Source: Externe

Résumé :

"Baïonnette au canon ! " "En avant, à la baïonnette ! " Les conscrits de 1914 sont d'abord des fantassins, préparés à faire la preuve de leur bravoure lors d'assauts et de combats au corps à corps à l'arme blanche, où ils surpassent leurs ennemis et remportent la victoire. Pourtant, dans les tranchées, la réalité est tout autre. Sur un champ de bataille bien peu propice à l'héroïsme et face à la puissance destructrice des pluies d'obus, au feu de l'artillerie, aux attaques chimiques et aux raids de l'aviation, les soldats tombent en masse et sont tués à distance dans une guerre résolument moderne. Par-delà les mythes et les images d'Epinal, à hauteur d'hommes, la véritable histoire d'une arme devenue paradoxalement l'emblème de la Première Guerre mondiale.
Cédric Marty, docteur en histoire, travaille depuis plusieurs années sur l'histoire et les mémoires de la Grande Guerre.

13 avril 2019

"Héroïnes & Héros de la mythologie grecque" de F. Rachmuhl et C. Gastaut

Héroïnes & Héros de la mythologie grecque de F. Rachmuhl et C. Gastaut

Source: Externe

Résumé :

Dans la mythologie grecque, des hommes et des femmes extraordinaires se distinguent des autres mortels : ce sont les héros. Parfois aidés par les dieux, ils accomplissent des exploits grâce à leur force, leur bravoure ou leur intelligence.
Jason, Thésée, Hélène, Achille et Atalante font partie de ces figures mythiques. Découvrez le destin de ces cinq personnages hors du commun...

Mon avis :

Des livres sur la mythologie pour les enfants, il en existe beaucoup, et j’en ai lu quelques-uns. Je les ai tous appréciés pour les histoires contées, parfois un peu moins pour les dessins, car des cadavres propres sur un champ de bataille c’est stupide même pour des enfants.
Ici toutefois, point de cela, les dessins sont magnifiques et montrent ce qu'il faut montrer avec un trait délicat. Donc autant vous dire d’emblée, que les enfants ont de quoi apprécier visuellement ce livre. (Je suis amoureuse des dessins !)


Mais la belle surprise ne s’arrête pas là !
En effet, après une petite introduction qui replace les dieux, les héros, les mortels, dans la mythologie grecque, les histoires choisies méritent elles aussi les applaudissements du lecteur. Certes, on retrouve l’éternel Jason ou Achille dans ces pages, mais
il y a tout de même un côté original et paritaire avec l’histoire d’Atalante (la seule femme à bord de l’Argo !) et l’histoire d’Hélène de Troie. Bien sûr, Hélène n’est pas méconnue, mais habituellement cette dernière n’est abordée que par la guerre de Troie et rarement comme le personnage principal, ici ce n'est pas le cas. Hélène est le personnage d'une histoire bien à elle.

Enfin, l’autre atout de toutes les histoires, c’est qu’elles abordent à grands traits la vie entière des personnages et ne se contentent pas de décrire qu’un seul exploit. Ce qui manque parfois dans les livres sur la mythologie pour les enfants, où les auteurs peuvent s'attarder seulement sur un évènement principal.

Cependant, j'ai un petit bémol à reprocher à ce magnifique livre : l’écriture. Je trouve que c’est froid comme une leçon et que ça ne fait pas assez histoire. Je n'ai pas trouvé le côté conte/histoire pour enfant. Cela ne doit cependant pas rebuter à l'offrir, il y a bien assez d'atout pour passer outre cela.

En résumé, je vous laisse admirer avec ces quelques photos l'intérêt du livre. Ça vaut tous les discours. ^^

Editions Flammarion Jeunesse.

 

Héroïnes & Héros de la mythologie grecque

livre enfants mythologie grecque

mythologie grecque

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6 avril 2019

"Dad tome 1 : filles à papa" de Nob

Dad tome 1 : filles à papa de Nob

Source: Externe

Résumé :

Père célibataire au foyer, c'est un boulot à plein temps, et ce n'est pas Dad qui va prétendre le contraire ! Surtout avec quatre filles au caractère bien trempé, et pas vraiment du genre à s'écraser devant leur éternel ado de père. Entre Pandora l'intello, Ondine la volcanique, Roxane l'espiègle et Bébérenice la petite dernière, ce comédien au chômage a trouvé le rôle de sa vie : celui de s'occuper de sa famille sans rien perdre de sa propre jeunesse. Une chronique moderne, tendre et ironique de Nob, l'auteur de Mamette, qui nous offre des tranches de vie pleines d'humour et de vécu loin des idées reçues.

Mon avis :

Supercalifragilisticexpialidocius, il paraît que c’est un mot à prononcer quand on en sait pas quoi dire, donc je le dis. Non je déconne, il y a tellement à dire que je ne sais pas par où commencer. Alors commençons par le résumé.

Cette BD de Dad raconte l’histoire d’un papa qui élève seul ses quatre filles qui ont toute entre elle un grand écart d’âge, et qui accessoirement ne se gêne pas pour le faire tourner en bourrique (sauf la dernière). Forcément avec quatre filles à la maison, le pauvre papa est vite submergé malgré toute la bonne volonté qu’il y met… Et c’est cela que cette BD - que j’avais vaguement vue dans le programme TV de ma mère - va raconter ; les péripéties de ce pauvre père malmené par ses filles mais qui n’abandonne jamais. Force et honneur ! Et il mérite une médaille le gonze.

Pour mon petit avis personnel, franchement, j’ai adoré cette BD. Moi qui aie du mal à aller dans ce genre, j’ai trouvé ici tout ce que j’aimais et attendais pour aller dans cette catégorie de livre et pour avoir envie de continuer la série chez-moi : des beaux dessins ; de l’originalité ; de l’humour ; de l’émotion ; du décalé ; du réalisme ; et j’en passe. Ça fait beaucoup de compliment je le concède. Pourtant, grâce à tout cela j’ai passé, je vous jure, un excellent moment de lecture en compagnie de ces personnages, qui ont tous leur petits traits de caractère qui fait que le scénario varie et fait qu’il ne devient pas redondant (après à voir si cette impression continue dans les tomes suivants).

Pour autant, tout cela ne serait rien sans le talent de l’auteur qui a l’art de rendre sa BD drôle avec des personnages attachants, sans trop exagérer les traits et les faits. Effectivement, l’auteur ne va pas tant jouer sur des situations insensées pour rendre son livre drôle - même s’il y en une ou deux, la première histoire notamment -, il va plutôt préférer jouer sur les émotions, sur le décalage des générations, l’incompréhension qui découle des situations, pour rendre sa BD réaliste et donc addictive. J’ai envie de dire que Nob a bien su doser ses idées, qu’il en fait assez pour rendre la chose intéressante mais n’en fait pas trop non plus afin de garder un réalisme qui fait plaisir.


Bref ! Vous l’aurez compris, cette BD est un coup de cœur pour la forme, le fond, l’idée. Et j’ai hâte de pouvoir m’acheter la suite pour continuer à rire devant ce pauvre père désemparé et ces filles qui se jouent bien de lui, et même ses ex… Il a de la chance, sans avoir de la chance ce mec. Je ne sais pas comment il se débrouille.

Merci à Lecteurs.com.

4 avril 2019

"Entre ici Jean Moulin" de Aude Terray

Entre ici Jean Moulin de Aude Terray

Source: Externe

Résumé :

C’était un matin de décembre, dans le froid et le vent, devant les marches du Panthéon, la voix caverneuse et lyrique d'André Malraux, les roulements de tambour qui martèlent la tristesse…
La République, toute à sa liturgie, sacrait Jean Moulin.
Aude Terray a choisi d'explorer ce moment historique et fondateur.
Elle s'interroge et mène l'enquête : comment expliquer le choix de panthéoniser
Jean Moulin qui ne faisait pas l'unanimité au sein de la Résistance ? Pour quelles raisons deux jours de cérémonies ? Pourquoi le discours de Malraux, sans doute le plus beau de la Vème République, a-t-il été si douloureux à écrire ?
Aude Terray scrute les coulisses, traque les secrets et les états d'âme. Elle mêle dans une fresque vivante et intime le Général de Gaulle, Georges Pompidou, André Malraux, Daniel Cordier, Maurice Papon aux héros anonymes de ces deux jours, un sacristain, une fleuriste, une gardienne d'immeuble, un commissaire adjoint et tant d’autres. 
Cette France des années 60 est encore meurtrie mais regarde vers l'avenir.
Ses contradictions et ses espérances hantent nos mythologies les plus contemporaines.

Mon avis :

Avec ce livre, Aude Terray nous plonge dans une époque et une histoire intimement liée à la Vème République, celle de la panthéonisation de Jean Moulin. Cendre de conséquence qu’on tire tantôt à droite, tantôt à gauche.

Je ne connaissais pas la vie de Jean Moulin, à part ce que tout le monde en sait, c’est-à-dire son rôle dans la résistance. Avec son livre, Aude Terray m’a comblé un peu cette lacune en présentant l’homme et ses femmes. Elle abordera même la supposé homosexualité de Moulin qui a l’air d’être qu’une affabulation selon les personnes qui l’ont connu.

Mais là n’est pas tout à fait le sujet du livre, car ce qui nous intéresse ici, c’est surtout les journées du 18 et 19 décembre 1964. Jours de la panthéonisation de Jean Moulin que l’autrice va faire revivre avec ses grands personnages comme Malraux, De Gaulle, et ses inconnus, la fleuriste, le proviseur d’école, etc.
En abordant ce moment, Aude Terray va en outre nous montrer toute l’effervescence, les préparations, qui a autour de cet évènement, mais aussi les angoisses qui pèsent sur cette journée. Les menaces écrites ou par téléphone, ou encore la douleur de Malraux pour rédiger son discours. Selon l’autrice un des plus beaux qui soit, mais qui soulève dans ce livre plusieurs voix discordantes. Toute comme la présence d’une certaine personne à l’hommage de Jean Moulin, celle de René Hardy connu pour avoir selon certaines sources de l’époque dénoncé Jean Moulin. (Et selon la page Wikipédia est passé à travers de la condamnation au "bénéfice « de la minorité de faveur »".)

Ce livre qui se partage entre deux époques, raconte aussi les recherches et questionnements de l’écrivaine : les archives plus ou moins parlantes ; les lieux visités ; les personnes qu’elle a dû rencontrer, dont Daniel Cordier qui a connu Jean Moulin. Et dans l’ensemble, ces points étaient intéressants à lire, mais pour être franche, pas à tous les coups…
Bien sûr, c’était captivant de voir comment Jean moulin a pu être perçu : homme ouvert à tous les courants ; communiste ; gaulliste. De prendre connaissance des diverses versions sur son arrestation, les guerres d’historien, la guerre des femmes - bien mise en avant dans le livre d’ailleurs. Mais à côté, la description des lieux ou encore le questionnement débile sur Johnny Hallyday (what ?!), j’avoue que je m’en serais passée. Par moment j’avais un peu cette impression qu’il fallait broder.

D’ailleurs je ne sais pas si ça vient de ça et le fait que le livre fasse un peu roman avec les personnages secondaires, les inconnus, mais finalement je trouve ce bouquin plutôt vide. Tellement peu rempli que j’en viens à me demander si Aude Terray a répondu aux questions écrites dans le résumé. Alors oui, certaines ont été plus ou moins abordées, mais par exemple la raison des deux jours je crois que je ne l’ai pas vu. En tout cas j’ai rien retenu. Le trou. Le vide. Le néant.
Et au final, autant j’ai trouvé que livre abordé bien les esprits, celui douloureux de Malraux, celui tourné vers l’avenir de Pompidou, ou encore la vie de Madeleine Malraux, mais pas tant l’importance de l’évènement et ce qu’il représente. Par contre la description de l’évènement, oui, là l’auteure a été jusqu’au bout.


Bref ! Je ressors de cette lecture mitigée. J’ai découvert avec plaisir des choses sur Jean Moulin, les hommes et les femmes de décembre 1964 (à moi d’aller plus loin), mais je trouve le livre un peu maigre et pas très bavard. Je m’attendais à un peu plus, mais bon ça reste une bonne intro, mais juste une intro.

Editions Grasset.

3 avril 2019

"Les mal-aimés" de Jean-Christophe Tixier

Les mal-aimés de Jean-Christophe Tixier

les mal-aimés Tixier

Résumé :

1884, aux confins des Cévennes. Une maison d’éducation surveillée ferme ses portes et des adolescents décharnés quittent le lieu sous le regard des paysans qui furent leurs geôliers.

Quand, dix-sept ans plus tard, sur cette terre reculée et oubliée de tous, une succession d’événements étranges se produit, chacun se met d’abord à soupçonner son voisin. On s’accuse mutuellement du troupeau de chèvres décimé par la maladie, des meules de foin en feu, des morts qui bientôt s’égrènent… Jusqu’à cette rumeur, qui se répand comme une traînée de poudre : « ce sont les enfants qui reviennent. » Comme si le bâtiment tant redouté continuait de hanter les mémoires.

Porté par une écriture hypnotique, le roman de Jean-Christophe Tixier, portrait implacable d’une communauté rongée par les non-dits, donne à voir plus qu’il ne raconte l’horreur des bagnes pour enfants qui furent autant de taches de honte dans l’Histoire du XXe siècle.

Mon avis :

Ils pensaient qu’étouffer les faits les feraient tomber dans l’oubli, et que ne pas déranger les morts éloignerait leur furie, les Erinyes. Une série d’évènement leur donnera tort. La vengeance divine, à moins que ça soit celle du diable, frappe et frappe fort. C’est le moment pour chacun de se débattre avec sa conscience…

Dans ce village des Cévennes la vie n’est pas facile tous les jours. Il faut panser les bêtes, rentrer le foin, réparer le toit, anticiper toutes mauvaises fortunes pour que demain ne soit pas pire qu’aujourd’hui. Quelques mains, surtout si ces mains ne sont pas coûteuses, ne sont dans ce contexte pas de refus… Dans les bagnes et l’assistance, les villageois vont alors se servir en échange de quelques piécettes.
Mais un jour, devant la maltraitance, le bagne ferme. Mais les petits démons sont toujours là. Surtout dans les consciences, où les langues se délient et s’accusent, cherchent des explications aux malheurs qui les frappent.  

Cette honte, cette peur, cette avarice, cette culpabilité, cette envie de sang, l’auteur a très bien su les retranscrire. Par petite touche, petit évènement, on voit que ça grignote les cœurs et les esprits, et que la population est prête à accuser n’importe qui, à faire n’importe quoi, pour taire leur peur et calmer les esprits, ou au contraire les échauffer.
En parallèle cependant, on découvre aussi que certains habitants voudraient bien ressusciter les démons et même le bagne, comme cette sainte âme qui chante la messe tous les dimanches. C’est qu’il y a beaucoup à y gagner...

Toutefois, l’auteur ne fait pas qu’aborder les êtres et les sentiments qui s'agitent autour de ces enfants. A travers cette histoire de bagne et d’enfant, c’est aussi une parcelle des mentalités de l’époque que Jean-Christophe Tixier aborde. A savoir la déchristianisation de la France à la veille de la loi de 1905 et qui est bien plus prononcée en ville que dans les campagnes, bien qu’elle ne soit pas absente de ces dernières étant donné que l’on craint davantage l’œuvre du Diable que celle de Dieu qui semble une entité plus lointaine et absente.
Sur ce sujet, j’ai adoré d’ailleurs les réflexions sur l’inexistence de Dieu du médecin qui représente la ville, et celles de l'ambitieux curé de campagne qui voit dans cette loi le malheur annoncé des êtres et du pays. Enfin, surtout la perte de son pouvoir sur les âmes si vites submergées et qui ont besoin d'un guide spirituel. L’auteur cherche-t-il à dénoncer l’ignorance et la peur si bien entretenues par les curés afin de mieux gouverner ? Je ne sais, mais tel est mon ressenti.

Quoi qu'il en soit, j'ai adoré les réflexions et les mentalités représentées dans ce bouquin si parlant avec des personnages si peu bavards. Outre cette description des caractères et les réflexions, j'ai apprécié aussi le fait que l'auteur aborde un sujet si peu abordé en littérature : les bagnes d'enfant. Toutefois, je n'en fais pas un coup de coeur malgré le fait que ça soit un livre que j'ai aimé lire. L'écriture ne m'a en effet, pas tant emballée que ça. Mais ça se lit très bien quand même.

Quant à vous messieurs, dames, si la cruauté du sujet vous inquiète et vous fait repousser l'envie de lire ce livre, n'ayez crainte ce n'est pas un roman difficile à lire. Notamment grâce au fait que l'auteur impose plus ou moins un voile de pudeur sur les sévisses. Rendant de ce fait la lecture moins appuyée sur la maltraitance.

Albin Michel.

 

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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
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