"Big brother" de Lionel Shriver
"Big brother" de Lionel Shriver
Résumé :
Le grand retour de Lionel Shriver pour son meilleur livre depuis Il faut qu'on parle de Kevin. Où l'on retrouve tout son esprit de provocation et son humour au vitriol, ainsi qu'une bonne dose d'émotion, pour parler de la famille, du mariage, mais aussi, et surtout, de l'obésité et du rapport complexe et quasi-obsessionnel que nous entretenons avec la nourriture. En Iowa, de nos jours. Femme d'affaires en pleine réussite, mariée à Fletcher, un artiste ébéniste, belle-mère de deux ados, Pandora n'a pas vu son frère Edison depuis quatre ans quand elle accepte de l'héberger. A son arrivée à l'aéroport, c'est le choc : Pandora avait quitté un jeune prodige du jazz, séduisant et hâbleur, elle trouve un homme obèse, obligé de se déplacer en fauteuil, négligé, capricieux et compulsif. Que s'est-il passé ? Comment Edison a-t-il pu se laisser aller à ce point ? Pandora a-t-elle une responsabilité ? Entre le très psychorigide Fletcher et le très jouisseur Edison, la tension ne tarde pas à monter, et c'est Pandora qui va en faire les frais. Jusqu'à se retrouver face au pire des dilemmes : choisir entre son époux et son frère. Qui choisira-t-elle ? Pourra-t-elle sortir son frère de la spirale dans laquelle il s'est enfermé ? Edison le veut-il seulement ? Peut-on sauver malgré eux ceux qu'on aime ?
Mon avis :
Je ne garde pas un bon souvenir de Lionel Shriver, Double faute et La double vie d’Irina ne m’avaient pas tant emballée – d’ailleurs j’ai toujours dans ma PAL Il faut qu’on parle de Kevin. Bref. Tout ça pour dire que je me suis lancée dans ce livre sans être très motivée à le lire, et en fait malgré quelques défauts il se trouve que j’ai plutôt vraiment apprécié cette lecture.
Alors le sujet au premier abord ne fait partie de ces sujets passionnants, le rapport à la nourriture restant quelque chose de vaste il est difficile d’en faire un sujet qui parle au lecteur, de plus comme je ne plains pas les gros (surtout que j’en éprouve une certaine répulsion) c’était dans mon cas assez difficile de me faire apprécier cette lecture, mais voilà Lionel Shriver est quand même arrivée à me la faire aimer car elle a super bien manié son sujet ; puisqu'elle a fait le rapport entre la nourriture et l’homme vue sous une bonne partie des problèmes existants ; la dépression, le contrôle, le manque, la légèreté aussi, la jalousie, etc, etc…
Néanmoins ceci a vite rencontré des limites, car il se trouve que j’ai eu beaucoup de mal à m’émouvoir sur les personnages et leur rapport à leur nourriture. La cause étant que nombre des protagonistes sont justes extrêmement insupportables ; entre le frère qui se plaint tout le temps, qui se vante, qui se cherche des excuses, qui est égoïste, et le mari qui critique constamment avec une tendance égocentrique, ce n’était juste pas possible pour moi. Alors certes cela était nécessaire à l’histoire, et d’autres personnages n’auraient probablement pas fait l’affaire, mais cumuler des personnages insupportables avec les très nombreuses longueurs et digressions ça fait beaucoup à supporter. Car voilà l’autre souci de ce livre, c’est qu’il est très lent, très long (surtout sur la fin) et parfois un peu répétitif. (Et même parfois un peu délirant).
Bon malgré tout ce livre possède d'autres atouts, déjà il ne s’arrête pas seulement sur l’obésité, l’auteure va parfois glisser vers d’autres sujets comme les chimères qu’entretiennent les adolescents, et le danger de les leur laisser mais aussi de leur enlever. De plus la fin est assez étonnante, et si sur le coup je me suis sentie flouée je me dis avec le recul que cette fin est finalement tout aussi bien, car peut-être qu’à travers cette dernière l’auteure exprimait le regret de n’avoir rien fait ou pas le nécessaire pour son vrai frère mort d’une obésité morbide. (Ou peut-être pas ?) Ce qui quoi qu'il en soit donne une dimension supplémentaire et réelle au roman.
Et enfin le dernier bon atout qui fait que je conseille ce livre, c’est que l’auteure a une approche du leurre, de la répugnance, de la pitié, de la fuite, etc, etc… assez marquante et pour ça je pense vraiment qu’il faut lire ce livre. Car elle montre vraiment jusqu’à qu’elle point l’être humain peut se raconter des histoires pour ne pas voir la réalité ou pour l'accepter.
En résumé même si ce livre ne réveil pas une indulgence en moi pour les obèses, ça a été une bonne approche de ce monde malgré tout. Et c’est une lecture de cette rentrée littéraire que je recommande vivement.
Je remercie les éditions Belfond et Babelio pour cette lecture.