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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
decouverte
6 octobre 2014

"Un jeune homme prometteur" de Gautier Battistella

"Un jeune homme prometteur" de Gautier Battistella

un jeune homme prometteur

Résumé :

« J’ai découvert l’existence du mal un samedi matin. Je m’en souviens, il n’y avait pas école. »

Tout commence à Labat, petit village des Pyrénées. Orphelin rêveur et blessé par un premier amour déçu, le narrateur quitte son frère et leur enfance buissonnière pour monter à l’assaut de la capitale. Que cherche ce Rastignac en herbe démangé par la vocation romanesque ? Une mère inconnue, la liberté, une revanche, la gloire peut-être. Mais au lieu du noble parnasse littéraire dont il avait rêvé, il découvre un univers de faux-semblants : celui des grands imposteurs du monde des lettres. Bien décidé à s’en débarrasser, le voici embarqué dans une quête dangereuse qui l’entraînera au-delà de lui-même, au bout du monde et au bord de la folie.

Un premier roman d’une ambition peu commune, tour à tour émouvant, sarcastique et cruel, porté par une écriture dont le souffle évoque les grandes fresques initiatiques.

Mon avis :

[ ATTENTION RISQUE DE SPOILIER ! ]

Ce livre est un premier roman, et pour un premier roman c’est juste extra. A part un seul point qui ne me convainc pas, tout le reste est parfait. Gautier Battistella possède une maîtrise évidente dans l’art de raconter des histoires. Rien n’est laissé au hasard, chaque mot joue avec chaque image, chaque image joue avec chaque mot. Il y a vraiment de la recherche, et je trouve que ça donne une note très poétique et folle à l’ensemble. On voit que l’auteur cherche à rendre le décor aussi vivant que les personnages, voyez plutôt :

« Je me suis habitué à Paris, et j’ai laissé Paris s’habituer à moi. Pourquoi hâter les choses ? Les premiers temps, la ville a montré les muscles. C’est comme ça dans les relations, amicales ou amoureuses. Un réflexe. La greffe pouvait ne pas prendre : moi l’homme crotté, plein de fierté, elle la divine, forcément susceptible. »

Ensuite, car l’écriture ne fait pas tout, l’histoire est juste grandiose. Bon elle n’a rien d’exceptionnelle non plus, mais elle a quand même cette touche de jamais vu. Un jeune homme talentueux au passé tragique, et qui cherche à réduire à néant la médiocrité littéraire en employant les moyens les plus radicaux, ce n’est pas très courant dans les livres faut bien le dire. Bon après c’est vrai que le côté schizophrène n’a rien de très nouveau, et c’est un peu ça qui m’a gêné d’ailleurs.

Alors ce n'est pas tant le fait qu'il se soit servi de cette ficelle qui me dérange, mais en fait j'ai trouvé ce côté-là un peu gros à avaler par rapport à tout ce qui se trouve avant, qui fait que tout paraît très réel aux lecteurs. Ensuite le petit truc qui déçoit aussi, c'est que cette révélation est prévisible. Celle du père aussi d'ailleurs. Et ces derniers points font que cette lecture n'a pas été un coup de cœur pour moi, cela dit tout le reste j'ai adoré. Les personnages font autant l'histoire que l'intrigue elle-même. L'écriture de même.

Pour résumer, c’est un roman qui annonce un écrivain prometteur. Je le suivrai de très près.

Je remercie les éditions Grasset.

 

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1 octobre 2014

"Aristote mon père" d'Annabel Lyon

"Aristote mon père" d'Annabel Lyon

aristote mon père

Résumé :

Pythias, la fille d'Aristote, a été élevée à l'égal des hommes. Elle fait figure d'exception à Athènes, puis en Macédoine où elle est contrainte de s'exiler : c'est elle, et non son frère cadet, qui assiste Aristote dans ses travaux, provoque les collègues de son père par ses remarques pointues, et se rêve en philosophe, scientifique ou sage-femme. La mort d'Aristote disperse ses biens et sa famille à travers la Macédoine, laissant Phytias seule, en décalage avec cette société qui nie l'existence d'une conscience féminine, et l'oblige à se confronter à la réalité d'un monde dont elle s'était toujours tenue écartée.

Après Le Juste Milieu, qui évoquait la relation entre le jeune Alexandre le Grand et son précepteur Aristote, Annabel Lyon renouvelle le défi ambitieux d'écrire l'Antiquité d'une plume actuelle et spontanée. Aristote, mon père exhale le soufre des temples, le sang des femmes et les larmes de la tragédie.

Mon avis :

J’ai découvert cette auteure en même temps que ce livre, et la première chose que j’ai à dire c’est qu’il n’est pas mauvais mais il n’est pas forcément parfait à mon sens. Je m’explique.

L’histoire en elle-même n’est pas mauvaise. Elle est même plutôt agréable à lire, et c’est très sympathique de pouvoir vivre un quotidien grec. De vivre à côté des personnages, de cerner les mentalités de l’époque, d’aller dans les temples et les villes. Néanmoins j’ai buté sur deux ou trois petites choses qui fait que ce n'est pas la lecture agréable que j'ai imaginé. Déjà au niveau de l’écriture. C’est facilement lisible, mais parfois les enchaînements sont beaucoup trop rapides, et quatre fois j’ai dû relire des passages pour comprendre les actions.

Ensuite sur le récit lui-même, je suis assez mitigée. J’ai préféré la première partie quand Aristote était encore vivant à celle où il n’était plus, car à partir de là tout va beaucoup plus vite d’une part, et d’autre part ça devient un peu fou. Pythias atterrie dans des endroits bizarres, elle fait des choix que je n’ai absolument pas du tout compris, elle perd ce côté calme et réfléchi qu’elle avait au début pour se transformer en personne un peu impulsive. Bref, on quitte le côté solennel du départ, pour atterrir dans un vrac de comportement excessif qui étonne quand même beaucoup.

Pour toutes ces raisons, la seconde partie n’est donc pas vraiment la partie que j’ai le plus apprécié, même si elle ne fut pas mauvaise pour autant ; car il y a quand même cette magie divine qui arrive et qui accompagne Pythias, il se passe des choses très intéressantes malgré tout, et en plus on voit Pythias évoluer dans un cadre qui est nouveau pour elle. Elle se retrouve seule, sans argent, sans rien, et du coup j’ai passé mon temps à me demander ce qu’elle allait faire et comment elle allée s'en sortir. Finalement même si ce n’est pas la partie que j’ai apprécié le plus, elle contrebalance celle du début qui était entièrement rationnelle, ce qui donne du souffle au roman.

En fait mon seul vrai regret dans ce bouquin, c’est que Pythias devient dans cette partie comme tout le monde. J’aurai préféré la voir donner des cours, philosopher, plutôt que de la voir faire des choses insensées - même si elle ne perd pas ce côté intellectuel, car elle a la chance d’avoir un mari qui n’a rien contre. En fait sur la fin, Pythias devient pour moi un peu décevante, mais après peut-être que c'est sa vie, vu que je ne la connais pas. D'ailleurs va falloir que je cherche pour connaître cette fille.

En résumé ce n’est pas une lecture mauvaise mais ce n’est pas non plus un coup de cœur, cela dit ça reste un agréable livre à lire. Ca change. Et c'est une auteure à suivre.

Je remercie grandement les éditions de la Table Ronde.

19 septembre 2014

"J'aurai dû apporter des fleurs" d'Alma Brami

"J'aurai dû apporter des fleurs" d'Alma Brami

alma brami

Résumé :

«N'apporte rien, Gérault, on a tout !» Toujours cette générosité qui écrase. Ben tiens, c'est vrai, qu'est-ce que je pourrais bien leur apporter, moi, dans leur foyer parfait ! Une pauvre bouteille de pinard ? Qui sera bu le nez bouché avant d'entamer les grands crus de leur cave à vin personnelle. Des fleurs ? Qui se retrouveront dans l'évier, humiliées par tous les bouquets qui, eux, auront eu le privilège de trôner dans des vases. Mieux vaut des mains vides et l'honneur sauf, qu'un «oh, mais fallait pas» qui accable. Fallait pas, vraiment pas, tu nous déranges avec ton cadeau minable, remporte-le. Je viendrai avec rien. Rien et mon manteau et malgré tout, peut-être qu'ils auront droit à mon sourire, peut-être, si je suis grand seigneur. Gérault tente d'offrir une image idéale de lui-même, mais quand on est seul, au chômage à cinquante ans, ce n'est pas chose facile. Homme empêché, il s'interdit de dire ce qu'il pense et retient en lui sa colère, sa violence. Sa voix intérieure prendra-t-elle peu à peu le dessus ? Ironique et tendre, Alma Brami révèle un personnage lucide, terriblement humain, reflet des travers de notre société tout entière.

Mon avis :

Ce n’est pas un livre qui rend très bavard, du coup ça va être un peu difficile pour moi de vous faire un avis  même si j’ai beaucoup apprécié ce roman.

Alors je préviens de suite ce n’est pas un coup de cœur pour autant parce que faut bien dire que c’est un peu répétitif, mais comme c’est terriblement humain et vrai, c’est un livre qui se lit très bien malgré sa simplicité, voire même sa banalité. Parce que oui voilà, ce livre est banal ; puisqu’il raconte juste la vie d’un mec mangé par la vie, sa famille (sa mère plus précisément), ses peurs, ses doutes, ses lâchetés…. Enfin bref, rien de très nouveau et de folichon comme vous le voyez.

Néanmoins au-delà de ça, et c’est la première chose qui m’a plu dans ce livre, c’est que le personnage Mr. Gérault est très sarcastique. Mais pas moqueur pour être moqueur, mais plutôt moqueur pour montrer son dégoût de la médiocrité du quotidien, de la normalité, alors que chose étrange, d’un côté il n’aspire qu’à ça.

Personnage un peu girouette, et même si parfois ses envies et ses attentes me restaient incomprises, j’ai apprécié suivre cet individu terriblement humain fait de paradoxe, de colère, de dégoût, d’envie… pour voir son évolution dans le temps et la finalité qu’il donnera à cette histoire, car cette dernière n’est pas vraiment prévisible. Et d'ailleurs la finalité est sûrement ce qui a de meilleure dans ce livre.

Alors j’avoue, sur le coup je l’ai trouvé un peu rapide. Mais après coup je m’aperçois que cette fin violente, ce changement de position brutal, se révèle parfait. Ça claque comme une porte que l’on ferme d’un geste décisif. La promesse au personnage d’une vie meilleure…

Maintenant beaucoup pourront penser que c’est peut-être un peu salaud de la part de l’auteure de critiquer cette situation via son personnage, car vu de l’autre on possède tous des défauts de la société - et beaucoup pourraient se sentir viser -, mais personnellement je ne l’ai pas mal pris, et c’est vrai qu’on ne peut pas non plus nier qu’il existe des quotidiens tristes à mourir, qui finalement n’appellent pas autre chose que la moquerie. Le seul petit hic à ce roman finalement, c’est qu’Alma Brami bascule un peu beaucoup dans les clichés pour faire ressortir ces traits, mais l’écriture tantôt imagée tantôt drôle arrive à atténuer ce côté.

En résumé ce livre possède d’innombrables atouts ; un personnage terriblement humain agréable à suivre, une écriture fluide et agréable, un ton « tragi-comique »... Heureusement cependant qu’il ne soit pas plus long car on tournerait vite en rond.

D'autres avis sur lecteurs.com

13 septembre 2014

"Les tribulations du derniers Siljimassi" de Fouad Laroui

"Les tribulations du derniers Siljimassi" de Fouad Laroui

les tribulations du dernier siljimassi

Résumé :

Adam Sijilmassi revenait d'Asie où il avait négocié brillamment la vente de produits chimiques marocains. Alors qu'il survolait la mer d'Andaman, il se posa soudain une question dérangeante : " Que fais-je ici ? " Pourquoi était-il transporté dans les airs, à des vitesses hallucinantes, alors que son père et son grand-père, qui avaient passé leur vie dans les plaines des Doukkala, n'avaient jamais dépassé la vitesse d'un cheval au galop ? Ce fut une illumination. Il décida de renoncer à cette vie qui ne lui ressemblait pas, se résolut à ne plus jamais mettre les pieds dans un avion et à changer totalement de mode de vie. Funeste décision ! Arrivé à l'aéroport de Casablanca, il entreprit de rejoindre la ville à pied, ce qui lui valut de rentrer chez lui encadré par deux gendarmes. Dès que sa femme comprit ce qu'il voulait faire, elle retourna vivre chez sa mère, en emportant le chat. À peine avait-il donné sa démission que son employeur le mettait à la porte de son appartement de fonction. Qu'importe, il ne céderait pas. Il se débarrasserait de cette défroque d'ingénieur, nourri au lait du lycée français de Casablanca. Il viderait sa tête de tout ce fatras de fragments de littérature française qui lui compliquait la vie. Il redeviendrait le Marocain authentique qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Il partit (à pied...) vers son village natal. Fatale décision ! Certes, il redécouvrit la bibliothèque de son grand-père et dévora la littérature et la philosophie qu'avaient produites quelques génies au temps béni de l'Andalousie arabe. Mais, dans son village, personne ne comprenait pourquoi un ingénieur de Casablanca venait s'enfermer dans la maison délabrée de sa famille. Était-il un fou ? Ou un perturbateur ? Un prophète ? Fallait-il l'abattre ou le vénérer ? Dans son style inimitable, Fouad Laroui nous entraîne à la suite de son héros dans une aventure échevelée et picaresque où se dessine en arrière-plan une des grandes interrogations de notre temps : qui saura détruire le mur que des forces obscures sont en train d'ériger entre l'Orient et l'Occident ?

Mon avis :

Je n'ai jamais lu cet auteur, et pour une première c'est ma foi une réussite. Bon ce n'est pas un coup de cœur, car j'ai trouvé quelques longueurs, notamment sur la fin avec les discussions entre notre héros et son cousin. Mais malgré ça j'ai passé un bon moment de lecture, car je suis allée de surprise en surprise.
Tout d'abord sur le ton du livre. Alors au début ça a l'air un peu loufoque, le ton est à la plaisanterie, et je dois dire que je ne m'attendais pas à quelque chose de vraiment sérieux malgré le côté existentiel qui taraude notre héros. Grosse erreur ! Car au fur et à mesure que j'ai avancé dans ces pages, je me suis vite rendue compte que l'auteur dirigeait le lecteur dans quelque chose de plus grave. Qui finalement laisse présager autre chose qu'un roman qui raconte de simple fait juste pour le plaisir d'en raconter.
Alors bien sûr l'auteur va inventer toute une intrigue un peu invraisemblable basée sur la chance des Sijilmassi pour exprimer ses idées. Mais cette intrigue, même si elle est capillotractée, encore qu'elle apporte du sens à l'histoire, m'a quand même conduite à quelque chose d'intense ; car déjà j'ai apprécié découvrir certains philosophes (même si je prends certaines infos avec des pincettes), et ensuite j'ai surtout énormément aimé ce que l'auteur faisait ressentir à son personnage dans ces moments d'errements philosophiques. Et ce même si Adam m'a un peu énervée au début par son côté « rejet des philosophes occidentaux », mais comme il n'est pas mauvais bougre et comme il est sensé heureusement ça n'a pas
durée.


En effet et bien que ça soit l'auteur qui s'exprime à travers Adam, j'ai ressenti tout le regret d'Adam sur le fait que les arabes musulmans soient aujourd'hui énormément arriérés, et ne puissent pas se défaire d'une religion qui en fait des moutons et des humains dominés. Alors que dans un passé assez lointain on pouvait plus ou moins les prendre au sérieux. (Bien que tous les philosophes de cette périodes ne fussent pas arabes et musulmans, mais bref faisons au plus simple.) Et ce côté-là donc, et LE côté qui m'a le plus plu, car ça peut s'adresser à d'autres religions, mais aussi parce que je n'ai pu qu'être d'accord avec lui sur les pensées qu'il avait. Toutes, je ne sais plus, mais une bonne partie en tout cas.


Niveau écriture maintenant, je n'ai pas grand-chose à dire, c'est très facile d'accès avec une pointe d'humour pas désagréable du tout, mais à cela il y a quand même un bémol. Il y a trop de citation. Alors j'aime beaucoup les citations, j'adore les citations même ! Mais le fait qu'Adam s'en raconte constamment agace. Ca le rend beaucoup moins réel. Mais bon à part ça et les quelques longueurs rien à dire. A part peut-être sur la fin qui m'a laissée mi-figue mi-raisin, elle était bien partie mais elle ne se finit pas très bien. du coup faut bien dire que c'est un peu rageant, même si cette scène est très riche. Les hommes qui détruisent toutes sources de Lumière (ou qui essayent de l'attirer à soi) par intérêt, par haine, par peur, c'est toujours triste faut bien le dire.


En résumé c'est une lecture très riche que je conseille.

D'autres avis sur Lecteurs.com

31 août 2014

"Le ruban" d'Ito Ogawa

"Le ruban" d'Ito Ogawa

le ruban roman

Résumé :

Sumire est passionnée par les oiseaux. Quand elle trouve un oeuf tombé du nid, elle le met à couver et offre l'oisillon à sa petite-fille Hibari, en lui expliquant qu'il est le ruban les reliant à jamais. Mais un jour l'oiseau s'enfuit de sa cage, apportant joie et réconfort partout où il passe.

Mon avis :

IL n’y a que les asiatiques et particulièrement les japonais pour écrire ce genre de roman un peu excentrique au premier abord mais qui finalement se révèle très simple et profond.

Alors il est vrai que passé la magie de la découverte du livre, j’ai commencé à m’ennuyer assez rapidement sur cette lecture comme je le disais dans la page 100. La première partie s’étalant un peu trop dans le train-train quotidien de Sumire et Hibari, où, il faut bien dire qu’il ne se passe pas grand-chose et où les personnages restent un peu trop nébuleux à mon goût.

Néanmoins, passé toute cette partie de présentation et de train-train, au moment où Ruban prend son envol, le roman qui se transforme en nouvelle devient beaucoup plus intéressant à lire, car de là il possède une toute autre dimension. Une dimension plus furtive comme un vol d’oiseau, une profondeur plus proche de l’existence et de sa condition, avec ses surprises, ses bonheurs, ses déceptions, ses calmes et ainsi de suite.

A ce moment précis des nouvelles, c’est avec plaisir que j’ai quitté le monde intérieur d’une petite fille, pour toucher plus vastement celui de la vie humaine et ses vicissitudes plus graves. Néanmoins les retrouver sur la fin m’a énormément plu, car Sumire et Hibari ont quitté ce côté brumeux et inaccessibles, pour devenir plus réelles, plus mûres.

Bref. « Le ruban » d’Ito Ogawa, fait typiquement partie des romans qui enchantent, qui touchent (j’ai eu des fois ma larme à l’œil) le lecteur par sa simplicité et sa profondeur.

Mais au-delà de ça, « Le ruban » c’est aussi un roman où l’occident et l’extrême orient s’entremêlent, et c’est une autre partie de ce livre que j’ai adoré, puisque j’ai trouvé ce Japon occidental qui a les mêmes préoccupations que nous, mélangé à cet esprit calme et lucide qui sculpte la culture et l’identité du Japon. Personnellement j’ai vraiment senti et apprécié leur lucidité sur la condition humaine, qui est notamment magnifiquement représentée par les quelques phrases sur la rose. Et ça ma doublement plu car déjà je suis très proche de cette manière de vivre et de pensée, mais aussi parce que ça change des romans occidentaux que j’ai l’habitude de lire, et où tout a une fâcheuse tendance à tout se transformer en drame de fin du monde.

Dernier point qui m’a enchantée dans ce livre, le message qu’il comporte. A savoir cette idée que le bonheur ne doit pas être égoïste et prisonnier, qu’il faut savoir le laisser voler de ses propres ailes quand le jour sera venu. C'est une très belle leçon je trouve, et ça m'a beaucoup plu de la voir. D’ailleurs ce livre m’a rappelé ces quelques vers de William Blake que je trouvais très approprié :

 Qui veut lier à lui-même une joie

De la vie brise les ailes.

Qui embrasse la joie dans son vol

Dans l’aurore de l’éternité demeure

Enfin bref, c’est vraiment un livre que je recommande pour sa vision de la vie, ses blessures et ses guérisons. Pour cet espoir, cette lumière que représente cet oiseau. Pour ce fil ténu qui relie l’invisible au visible. Pour faire simple ce livre c’est une bulle de coton. Je suis conquise !

 

D'autres avis ici.

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22 août 2014

"Zora un conte cruel" de Philippe Arsenault

"Zora un conte cruel" de Philippe Arsenault

zoar conte cruel

Résumé :

Campé dans un univers d'êtres maléfiques et de dégénérés, aux confins de la Finlande, cet ample roman conte l'étonnante histoire de Zora, fille d'un tripier égorgeur de vierges. L'enfant, très tôt orpheline de mère, est battue et humiliée par son père. Mais elle prend son mal en patience. A 16 ans, elle a la chance d'être demandée en mariage par l'alchimiste Tuomas, certes âgé de 84 ans, mais dont les manières élégantes détonnent dans cette forêt barbare. Cette nouvelle vie permet à Zora d'acquérir, grâce à une union platonique qui relève davantage du tendre apprentissage entre un maitre et son élève que de la vie de couple, toutes les qualités d'une jeune femme du monde. Une autre Zora est née, bien décidée à vivre des aventures extraordinaires et à rattraper le temps perdu... Elle ne sera pas déçue. Formidablement bien écrit dans une langue rabelaisienne où se mêlent l'humour et l'érudition, le grotesque et le fantastique, la cruauté et la poésie, le premier roman du Canadien Philippe Arseneault est digne des plus sombres poèmes de la mythologie nordique. Avocat de formation, Philippe Arseneault est aujourd'hui journaliste. C'est pendant un voyage de neuf ans en Chine qu'il a rédigé ce premier roman. Zora, un conte cruel a obtenu le Prix Robert-Cliche 2013.

Mon avis :

Lors de mon avis de la page 100 j’avais fait part de mon ennui sur ce livre, et bien je vous avouerai qu’en ce qui concerne la première partie de ce livre – à laquelle fait partie la page 100 – ça ne change pas. Je me suis vraiment vraiment ennuyée. Comme je le disais l’auteur fait d’innombrables digressions pour planter le décor, ce qui devient très vite agaçant car on a cette impression de ne pas avancer. Impression en plus renforcée par le fait que Philippe Arseneault raconte toujours la même chose avec force de détaille sordide dans cette partie ; l’enfance miséreuse de Zora, la conduite de son père, l’ambiance de l’auberge tenue par ce dernier…
Pour faire court, cette partie est une horreur, surtout que j’ai été très gênée par cette crasse vulgaire qui entoure cette partie initiale. Personnellement je pense que l’auteur aurait pu raconter cette misère, cette société en marge, sans passer autant par la saleté et la vulgarité. A titre d’exemple un passage qui m’a dégoûtée, le baptême de Zora. Enfin plus exactement la vieille folle qui l’a baptisée, et qui avant de passer sa main dans les cheveux salles de Zora et de lui donner un nom, se grattait ostensiblement la « fouine » et les seins. Honnêtement, où est l’intérêt de faire ça ? Où est l’intérêt d’être dégoûtant à ce point ? De raconter ça ? Ca n’apporte rien de plus à l’histoire, enfin de mon point de vu. Et le pire c’est que des choses dans ce genre-là on en a un paquet ! Parfois je vous jure j’avais l’impression d’avoir un adolescent attardé comme narrateur (désolée pour l’écrivain), mais passons…

Passons car on arrive à la deuxième et troisième partie de ce roman. Et là je vais vous surprendre car j’ai apprécié énormément ce livre dès cette seconde partie, et s’il n’y avait pas eu la première partie je pense que ce roman n’aurait pas été loin du coup de cœur.

Dans cette seconde partie, Zora a grandi et vit auprès d’un vieil homme qui prend soin de cette jeune femme qu’il a pris soin de civilisée. Dans cette portion du roman j’ai trouvé un charme anglais représenté par cette petite maison et l’ambiance au cœur des bois. L’odeur des petits pains, la nature, le confort douillet de ce petit foyer, change du tout au tout l’ambiance du départ, et pour moi c’est déjà que du bon.
Mais c’est encore meilleur, car dans cette partie le mystère de ce roman apparaît vraiment. L’intrigue est clairement là, et nous lecteur on peut enfin s’attendre à quelque chose de plus consistant et de mouvementé, qu’une succession de fait sans réelle importance ne laissait plus espérer. C’est donc ici qu’arrive Tero, jeune médecin qui est obsédé par une chansonnette étrange et qui l’empêche de dormir. Qu’on retrouve Glad l’Argus, le capitaine Boyaux et les aventures qui vont avec.
Maintenant dans cette partie j’ai été un peu déçue, car les aventures n’ont pas toujours été à la hauteur de ce que j’avais imaginé, comme celle avec Glad l’Argus, qui n’est ni plus ni moins qu’une joute verbale fantastique. Je m’attendais vraiment à quelque chose d’autre j’avoue.
Néanmoins cette partie est très prenante et très touchante malgré tout, surtout la fin qui se finit mal comme l’évoque très bien le titre, et même si j’aurai voulu une sorte d’happy-end, cette fin me convient très bien finalement.

En résumé c’est un livre qui n’est pas si mal passé la première partie, les mots, l’histoire créent énormément de charme, mais hélas pour bien en profiter il va falloir vous accrocher pendant toute la première partie. Cela dit il vaut bien 3 étoiles sur 5.

Je remercie en passant Lecteurs.com et par ici vous pouvez voir d'autres avis.

27 juin 2014

"Lapingouin: Les chocozoeufs de Pâques"

"Lapingouin: Les chocozoeufs de Pâques"

 

les chocozoeufs de paques

Résumé :

Moitié lapin, moitié pingouin, Lapingouin vit à Méli-méloin, un monde imaginaire où la nature hybride du héros et de ses amis évoque la richesse de la transmission et de la mixité, un monde où il fait bon être unique et différent... Rassurantes sans être infantilisantes, les illustrations sont aussi douces qu’elles sont attachantes. Parce que l’enfant est particulièrement sensible à la musicalité de la langue et parce qu’il possède un don pour l’inventivité avec le langage, jeux de rimes et néologismes ponctuent la lecture comme une drôle d’évidence et participent à la création de la “langue lapingouin”.

Mon avis :

Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce livre étant donné qu’il est tout petit et se lit en 5 minutes. Cela dit, j’ai bien deux ou trois trucs à dire, rassurez-vous !

Tout d'abord, je veux m'arrêter sur les dessins qui sont justes magnifiques ! Sans mentir, c’est du bonbon pour les yeux ! C’est pastel, c’est sucré, c’est simple, c’est doux, c'est mignon, c’est onirique par cet effet vaporeux qui entoure les dessins. Bref, c'est juste trop beau !

Ensuite, l’autre point mi-positif de ce livre dont je voudrais vous parler, c’est qu'il est très imaginatif. Les dessins, les noms sont très amusants, et l’histoire est toute mimi par sa petite note gourmande et enfantine. Mais néanmoins dans ce point-là, il y a un petit problème, d'où le mi-positif.^^

En effet, autant j’ai trouvé les noms inventés assez amusants, mais autant des fois je n'ai pas compris l'utilité de quelques-uns de ces mots. Enfin ce que je veux dire c’est que je ne comprends pas l’utilité de les avoir inventés, comme c’est le cas avec « endodoillés », « jardoins », « sac-à-doin » ou encore « poussoin ». Selon-moi il ne rajoute rien à l'histoire.

Alors, je ne dis pas que c’est nul d’avoir fait ça, moi aussi parfois je m’amuse à déformer les mots ou en inventer, mais malgré tout, ces mots-là ne sont à mon avis pas supers, outre le fait qu'ils ne rajoutent rien à l'histoire, ils peuvent aussi, je pense, créer des difficultés de compréhension aux petits. Et c’est là le seul point négatif de ce livre pour moi, car à part ça il est génial ! Je recommande.

Je remercie Myboox et HC éditions pour cette découverte.

 

11 mai 2014

"Etre un enfant en Egypte ancienne" d'Amandine Marshall

"Etre un enfant en Egypte ancienne" d'Amandine Marshall

être enfant en égypte ancienne

Résumé :

Il n'y a pas de société, pas de famille, pas de reconnaissance sociale sans enfant.. La façon dont les enfants étaient perçus, intégrés et élevés au sein de la famille et de la communauté établit les fondements même de la société égyptienne. Si la vie quotidienne des jeunes Egyptiens ayant dépassé le stade de la petite enfance est le propos central du livre, il ne sera toutefois pas question d'une plongée dans leur univers. En effet, les sources antiques émanent principalement d'adultes masculins peu enclins à s'intéresser à la condition d'enfant. Le ressenti des jeunes Egyptiens et tout ce qui se rapporte à la sphère affective ne pourra donc jamais être déduit des sources. En revanche, la confrontation de quelque 6 600 documents établis sur une période de 3 500 ans aboutit à une réflexion plus générale sur la perception de l'enfant dans la civilisation égyptienne. Quels enseignements peut-on tirer de la façon dont. l'enfant était représenté dans l'iconographie ? Comment était-il considéré par ses aînés ? Quels étaient ses rapports avec le monde adulte ? Quel était le quotidien d'un fils d'artisan ? Quel était celui d'un fils de fonctionnaire ? Quels jeux et jouets divertissaient les enfants ? Les enfants étaient-ils vraiment. enrôlés très jeunes dans l'armée comme plusieurs textes le soulignent ? Quels moyens étaient engagés pour protéger les enfants des maladies, des démons et des revenants ? L'enfant avait-il un statut particulier au regard de la loi, de la société et à celui de l'Etat égyptien ? Richement documenté et illustré par presque deux cents planches et dessins, cet ouvrage offre un éclairage inédit sur l'enfance en Egypte ancienne.

Mon avis :

Comme vous le savez sûrement j’aime beaucoup lire les documentaires et particulièrement ceux sur l’histoire qui peuvent m’apprendre un tas de chose. Etant grandement passionnée par cette matière ces livres sont pour moi un véritable plaisir à lire et non une corvée. Ben là pourtant ça a été moitié-moitié. Disons que pour faire simple les deux premiers chapitres m’ont vaguement intéressée, je les ai trouvés très long et pas toujours intéressants, alors que tous les autres étaient franchement bien.

Alors certes le sujet, que ça soit au début ou à la fin du livre, était toujours les enfants en Egypte ancienne, mais à mon goût j’ai trouvé qu’à partir du chapitre 3 les sujets développés étaient vraiment agréable à lire, car ils étaient clairement une fenêtre ouverte sur la vie des enfants en Egypte ancienne, contrairement aux deux premiers chapitre qui étaient plus « superficiels », plus axés sur le physiques et le symbolique, personnellement en tant que lectrice lambda, qui ne fait aucune thèse sur l’Egypte ancienne, savoir qu’ils portaient des chaussures, se coiffaient de telle manière, portaient des bijoux, etc, etc… me passait un peu au-dessus de la tête je dois dire.

Alors qu’à l’inverse, découvrir la place des enfants dans la société, leur apprentissage, leur jeux, (il y a même des contes résumés dedans qui sont très intéressants à découvrir), leur droit… m’a réellement intéressée puisque ça donnait vraiment un côté utile à ce sujet pour mieux comprendre cette société. Même si comme le dit sans arrêt Amandine Marshall, rien ne peut être affirmé avec certitude, les sources étant devenues peu fiables et incomplètes à cause des pillages, du temps, des anciennes fouilles archéologiques peu scrupuleuses du détail… Ce qui d’ailleurs est un peu agaçant, parce que quand j’ai fini ce livre, j’en suis venue à me dire : « Tout ça pour ça ?! » Alors bien sûr là je ne peux pas accuser l’auteure d’être incomplète, elle a fait avec ce qu’elle a pu, - et c’est même plutôt bien fait, il y a des tableaux, des dessins, des photos pour mieux cerner le sujet ce qui est génial-, mais quand même c’est frustrant de ne pas réellement savoir. Alors peut-être que beaucoup d’entre vous en auront rien à faire, mais moi j’avoue que ça me chagrine. Enfin bref. 

Comme vous le voyez et pour résumer, ce livre me laisse un sentiment mitigé. Oui il m’a plu car j’ai appris beaucoup de chose, (même si certaines choses me paraissent un peu de deuxième importance), et oui il me laisse sur ma faim car trop de doutes subsistent. Néanmoins je vous le conseille si le sujet, ou plus vaste l’Egypte ancienne, vous intéresse. Cela dit pour moi, qui suis une lectrice quelconque, je trouve que ce bouquin n’est pas fait pour un lecteur lambda ; même s’il est facile d’accès, il reste quand même très historique, très scientifique, alors oui vous (lecteur lambda) pouvez le lire (la preuve je l’ai fait), mais je pense quand même qu’il trouvera plus sa place auprès des archéologues, des savants… D’ailleurs il leur sera plus utile qu’à moi je pense, mais bon ce n'est pas pour autant que vous ne pouvez pas le lire. :)

Je remercie en passant les éditions Rocher pour leur gentillesse.

2 avril 2014

"La vraie vie de Kevin" de Baptiste Rossi

"La vraie vie de Kevin" de Baptiste Rossi

la vraie vie de kevin

Résumé :

Vous êtes confortablement installé devant votre petit écran.
Les chaînes sont tristes, hélas ! et vous avez vu tous les programmes.
Rien ne vous impressionne plus.
Vous êtes blasé.
Vous pensez que le pire a été atteint depuis longtemps. Que toutes les ficelles – sexe, violence, émotion, amour, gloire et beauté – ont été définitivement usées.
Vous croyez qu’on ne saurait pousser plus loin la folie, l’absurdité, la cruauté de notre monde télévisuel.
Vous vous trompez.
Bienvenue dans La Vraie Vie de Kevin.

Qu’on le lise comme une satire, tour à tour burlesque et lyrique, des dérives de notre nouvelle société du spectacle, une comédie entre le Truman Show, Bret Easton Ellis et un Rabelais qui surferait sur Facebook, ou le portrait critique et clinique d’une génération perdue, ce livre est, d’abord et avant tout, une flamboyante déclaration d’amour à la littérature, qui annonce tambour battant l’avènement d’un jeune écrivain surdoué.

Mon avis:

La chose qui a fait que j’ai voulu lire ce livre est le résumé. Ne supportant pas le monde télévisuel pour la médiocrité de ses programmes, (enfin une grande partie de ses programmes), et n’ayant pas non plus la télé pour la seule et unique raison que j'en ai une très mauvaise opinion, je me faisais un bonheur de lire ce livre qui s'amusait entre autre à descendre cet outil pour bien montrer la décadence de la jeunesse et plus généralement de ce monde. 

Cela dit, malgré la bonne idée de ce jeune auteur, je n’ai pas tant adhéré que ça à ce livre, et pour deux raisons.

Premièrement l’écriture m’a un peu rebutée, et surtout ces passages qu’on retrouve un peu partout et qui ressemblent beaucoup à des listes de chose absurde, où ça parle de mail, Facebook, etc, etc… Certes ils ont une utilité, Baptiste Rossi veut bien montrer la médiocrité de ce monde, et surtout de cette jeunesse à moitié abrutie qui n’a pas grand-chose comme centres d’intérêt à part la télé, internet, les jeux vidéo et les copains, mais quand même ça fait vraiment un peu long à lire, en plus de casser le rythme de la lecture.

Ensuite deuxième point qui m’a dérangée, c’est que ce livre pousse un peu loin la critique. Ca en devient même une caricature, mais une caricature à laquelle on ne croit plus. En effet même si je n’ai jamais regardé ces émissions de téléréalité, je reste quasiment certaine que ça n’ira pas jusqu’à « On a échangé nos cancers », ou « La mère de Kevin va-t-elle mourir de son cancer » dans l’émission La vraie vie de Kevin, que l'auteur nous montre. Et vous voyez pour ma part c’est vraiment là le truc qui pèche, l’auteur va beaucoup trop loin pour appuyer sa pensée. Pourtant je la partage entièrement, mais là il est partie exactement dans le même délire que cette télé qu’il critique. Mais  sûrement qu’il faut plus retenir le message que regarder la manière dont il s’y prend, mais je n'y suis pas entièrement arrivée...

En résumé, ce n’est pas une lecture que j’ai apprécié, d’autres l’ont par contre beaucoup aimé, mais pourtant malgré tout je la conseille pour le message qu’elle porte, car même si pour moi l’auteur s’y prend mal, il vise quand même juste et ça je ne peux vraiment pas lui enlever. Après comme je n'ai pas la télé, il se peut aussi que je ne saisis pas toute l'ampleur du dégât de cette société de divertissement, c'est possible.

Je remercie en passant les éditions Grasset.

28 mars 2014

"Le maïtre bonsaï" d'Antoine Buéno

"Le maïtre bonsaï" d'Antoine Buéno

 

antoine bueno le maitre bonzai

Résumé :

«Du plus loin que je me souvienne, il y a les bonsaïs. Au plus loin que je regarde, il y a les bonsaïs. Je n'ai ni passé ni avenir. En fait de souvenirs, je n'ai que quelques connaissances. Un jour, je suis arrivé sur ce territoire. Je le sais, je ne m'en souviens pas. C'était il y a longtemps.»

Un être hors de toute classification. Un étranger au monde. Curieux personnage que ce maître bonsaï vivant en suspension, comme ses arbres maintenus entre la vie et la mort. Un monde de solitude et de silence, un monde d'équilibre brusquement rompu par l'intrusion d'une jeune femme dans sa boutique. Bousculé par cette rencontre, il essaie de lui transmettre son art. Mais l'apprentie résiste, elle ne pousse pas droit. En même temps, à son contact, le maître bonsaï revoit son passé. La jeune femme glisse comme un bonsaï mal entretenu, et le maître bonsaï glisse vers ses origines.
Une histoire de contraintes et d'équilibre, de sagesse et de violence. Une histoire de Nature, et de nature humaine. Un roman étrange. Prophétique ?

Antoine Buéno est encore relativement jeune. Romancier et essayiste, chroniqueur télé et radio occasionnel, il enseigne l'utopie à Sciences Po. Il a fondé le Prix du Style en 2005. Le Maître bonsaï est son cinquième roman.

Mon avis :

Ce livre est complètement dingue ! J’avoue que j’ai eu du mal à rentrer dedans, trouvant le début un peu long, mais passé quelques dizaines de pages, j’ai trouvé que ce livre commençait à avoir de l’intérêt tout en devenant inquiétant. En effet que ça soit Bonzi ou la jeune fille, faut dire que niveau personnage ça vogue dans l’étrange. Entre questionnements, convictions, incompréhensions et découvertes (et quelles découvertes !) je vous assure que je suis tombée dans du jamais vu.

Bien sûr si on lit le résumé on ne voit rien d’extraordinaire en dehors de l’extrait d’une légende, et il est vrai de par ses bonzaïs que l’auteur à jouer la carte du naturelle et de l’équilibre, et de par ses personnages les cartes de la folie et de l’incompréhension, ce qui à première vue ne ressemble pas à un bouleversement. Pourtant dans ces pages l’histoire prend une dimension tellement hallucinante, que j’avoue rester encore étonnée par la finalité du roman, au point que je ne sais d’ailleurs toujours pas si c’est l’histoire du gars ou de la fille qui me marque le plus. Car celle du premier m’a donnée à la fin envie de vomir tellement elle est horrible, et celle de la seconde m’a littéralement époustouflée vu qu’elle se trouve hors du commun des mortels.

Non franchement là, alors que ça fait bien plus d’une semaine que j’ai fini ce livre, j’ai réellement un sentiment d’incompréhension qui me saisit à l’égard de ce livre que je n’arrive toujours pas à déchiffrer

Mais au-delà de l’histoire qui parle de mort et de renaissance, les personnages sont sans doute ce qui a de plus marquant dans ce roman. En effet, on a du mal à croire qu’un certain rapprochement va se faire entre ces deux-là, puisqu’à première vue tous les opposes. Et si on voit que quelque chose ne va pas et qu’on peut ressentir un certain agacement contre l’inertie de l’un et la détresse de l’autre, ils n’en restent pas moins des personnages agréables à découvrir et à suivre. J’ai d’ailleurs un faible pour la jeune fille, sa préoccupation sur la sauvegarde de la planète, m’a énormément plu, et je vous avouerai que parfois j’avais l’impression de m’entendre penser, comme dans cet extrait : « Avant faire des enfants c’est synonyme de vie ! Maintenant c’est synonyme de mort ! C’est ça que les gens ne comprennent pas ! Parce qu’ils sont pas informés ! Alors ils gardent leurs réflexes d’avant. Qui vont tous nous tuer. Parce qu’on grouille comme des cafards et que la terre n’en peut plus. Parce qu’une espèce ne peut pas proliférer comme ça. Un écosystème est un équilibre. Et si on n’arrête pas de se reproduire le rééquilibrage va être violent ! Quand je vois une femme enceinte, j’ai la haine ! Parce que c’est un monstre d’égoïsme, de conformisme et d’ignorance ! Pour son petit bien-être personnel, pour faire comme tout le monde elle participe à la fuite en avant ! Sans se poser de question, après moi le déluge, connasses ! Et même vos enfants, vous y pensez, connasse ?! Au monde dans lequel vous allez les jeter ?! Non pas du tout !... » Bref. C’est un personnage qui m’a énormément plu, mais « Bonzi » a aussi un côté agréable, le fait qu’il soit lointain de tout et ne semble pas en être très gêné n’est pas mal non plus.

Enfin pour résumer, c’est un roman que j’ai beaucoup apprécié malgré le début un peu difficile. A lire pour la découverte et les personnages.

Je remercie en passant les éditions Albin Michel.

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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
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