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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
historique
31 décembre 2014

"François 1er : roi de chimères" de Franck Ferrand

"François 1er : roi de chimères" de Franck Ferrand

françois 1er roi de chimères de ferrand

Résumé :

Au 21ème siècle, François Ie apparaît comme le père de la Renaissance française, l'ami de Léonard de Vinci, le bâtisseur de Chambord et de Fontainebleau, le vainqueur de Marignan, l'allié de Soliman contre l'ennemi juré du royaume, Charles Quint. Mais ces traits saillants ne sont-ils pas l'arbre qui cache une forêt bien plus complexe ? Dans cet essai biographique d'un genre nouveau, Franck Ferrand dépasse l'image d'Epinal et nous dépeint ce roi sous les traits d'un personnage moins brillant qu'on ne le prétend. Car le géant débonnaire a connu des triomphes mais aussi des défaites - et ce jusqu'à la captivité. François Ie, héros tourmenté, subit la trahison de son cousin, adora sa soeur et détesta son héritier, frôla plusieurs fois la mort, multiplia les conquêtes amoureuses, vit mourir ses fils aimés... Un homme qui vécut entre une jeunesse de rêve et une vieillesse de cauchemar, torturé par une maladie atroce. L'historien va plus loin : et si François Ie n'avait pas été un si bon roi ? Louis XII disait de son successeur : "Ce gros garçon gâtera tout." L'histoire, pour peu qu'on la regarde objectivement, semble lui avoir donné raison. Longtemps dominé par sa mère, manipulé par sa maîtresse, François se laissa aveugler par son amour de l'Italie et par sa haine de l'Empereur. Jouet des factions, facile à duper, le soi-disant "restaurateur des Lettres" instaura la censure et lutta contre l'imprimerie ; il finit même par allumer les bûchers d'où partiront les guerres de religion ! Sous une plume érudite et alerte, voici un portrait contrasté, doublé d'une analyse implacable.

Mon avis :

J’ai lu ce livre un mois après celui de Max Gallo sorti récemment, et l’erreur que j’ai faite ça a été de ne pas les lire à la suite. En effet je pense que la comparaison entre les deux aurait été amusante, mais bon tant pis.

Ce que je peux néanmoins dire sur ces deux livres c’est que Franck Ferrand, va aller à l’inverse du livre de Max Gallo. Vous prenez le livre de Max Gallo, c’est énormément de louanges qui sont chantés sur François 1er, pour Max Gallo il est clairement un chevalier, un amateur d’art…

Ben pour Franck Ferrand ce n’est carrément pas ça, et il va passer 235 pages à le démontrer. A démonter ce mythe, qui selon lui, n’a pas lieu d’être et pourrait être attribué à d’autres rois de France comme Louis XVI, Charles V, Henri IV…

Alors ne connaissant pas la vie de François 1er sur le bout des doigts, je ne peux pas dire que Franck Ferrand a raison sur tout, mais c’est vrai que si on cherche un peu on ne peut pas donner tort à l’auteur. D’ailleurs ce comportement que Franck Ferrand reproche, on peut déjà le déduire nous-même en lisant le livre de Max Gallo. En effet dans ce dernier on remarque très aisément que ce roi était sous influence féminine, arriviste, magouilleur (trait qui ressort beaucoup avec l’alliance de Soliman) et avait quelques obsessions pour ennemis (le milanais par exemple, c’est d’ailleurs l’obsession qui m’avait le plus frappée).

Mais il faut dire que là Franck Ferrand va plus loin encore, en démystifiant ouvertement ce roi, ses actions et ses légendes. Ici, la légende du chevalier Bayard n’est qu’une légende ; le roi débonnaire n’est qu’un monstre qui a rétabli des sévices archaïques, une sorte d’inquisition contre les vaudois (c’est drôle comme mes lectures se suivent, les vaudois j’en ai entendu parler dans le livre sur les hérétiques au moyen-âge il n’y a pas longtemps)  et envoyé à la mort des innocents comme Montecuculli ; le roi amoureux des lettres n’est qu’un roi qui a durci la censure ; le roi de France n’a pas été un roi de France et a gouverné via la vision des femmes qui l’entouraient, surtout par celle de sa mère Louise de Savoie (la fameuse régente noire à qui quand même Franck Ferrand admet des qualités gouvernementales malgré ses défauts). Bref, tout ça pour dire que l’auteur va dresser un portrait peu flatteur de ce roi, à qui la légende n’a donné surtout que des bons côtés.

Maintenant ce que je reproche un peu à ce bouquin, c’est qu’il fait des parallèles un peu abusés, par exemple un moment, Franck Ferrand cite Ivan le Terrible -presque contemporain de François 1er- en sous entendant que François 1er ne valait guère mieux que ce tsar de Russie. Moi perso ça me choque un peu, François 1er étant un ange à côté. Ensuite autre point un peu dérangeant c’est que Franck Ferrand critique l’homme, mais il n’en fait pas un homme pour autant je trouve. Là où Max Gallo est arrivé à donner un côté humain à ce roi, par exemple sur le sujet de la détention de ces enfants en Espagne, Ferrand le lui enlève, en en faisant un "festoyeur" un peu badin pressé de s’amuser et d’oublier ses fils, du coup c’est vrai que c’est un peu dérangeant à lire. Je ne dis pas que c’est faux, mais ça dérange.

Cela dit malgré cela c’est un livre intéressant à lire, car par le biais de François 1er (qui est le sujet de ce livre) on découvre un peu plus ce règne, et par conséquent on voit les erreurs qui ont pu être commise, comme par exemple le fait qu’il ait fait construire des châteaux hors de prix alors que le pays était exsangue par des années de guerre et j’en passe, les jalousies et les envies qui ont poussé à certaines actions (je pense à la duchesse de Pisseleu notamment), les vrais raisons de certaines ordonnances, la réalité de certaines légendes…

Au final c’était une lecture très intéressante, et connaissant le sérieux de ce journaliste et historien je pense qu’on peut prendre sans risque ce livre au sérieux, mais voilà en tant que lectrice lambda et n’ayant pas trop la possibilité de creuser ce que l’auteur avance – à moins de lire 100 livres – je vais seulement dire que c’est un livre à lire, et qui à l’approche du 500ème anniversaire de l’accession au trône de François 1er, a son importance.

 

Je remercie les éditions Flammarion pour cet envoi.

http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2014/12/31/31227862.html

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26 décembre 2014

"Le concert héroïque : l'histoire du siège de Leningrad" de Brian Moynahan

"Le concert héroïque : l'histoire du siège de Leningrad" de Brian Moynahan

le concert héroîque livre

Résumé :

La première de la Septième Symphonie de Chostakovitch eut lieu à Leningrad le 9 août 1942, au 335e jour d'un siège qui tua plus de 1 800 000 personnes. Aucun concert n'a jamais égalé celui-ci. Les Allemands avaient commencé le blocus de la ville près d'un an auparavant. Les combats, le froid et surtout la faim avaient déjà fait plusieurs centaines de milliers de victimes. Les musiciens - recrutés jusque dans les bataillons et les fanfares militaires, car seuls vingt des cent membres initiaux de l'orchestre avaient survécu - étaient si affamés qu'on craignait qu'ils ne puissent jouer l'oeuvre jusqu'au bout. En ces jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale, cette musique et l'attitude de défi qu'elle inspirait furent pour le monde entier un rayon de lumière.
Entretissant l'histoire de Chostakovitch et de bien d'autres dans le contexte du maelström des purges staliniennes et de l'invasion de la Russie par les Nazis, Le Concert héroïque est le récit magistral et émouvant de l'un des épisodes les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale, et sans doute le plus émouvant de l'histoire de la musique.

Traduit de l'anglais par Thierry Piélat

Mon avis :

Bien que les passages (très grands et très réguliers) sur les actions militaires ne m’aient pas toujours passionnée malgré leur utilité, dans l’ensemble ce livre a été pour moi intéressant à lire. J’ai découvert beaucoup, je suis restée horrifier souvent.

Certes je sais que la vie sous un siège n’est pas facile, mais n’ayant jamais vraiment abordé ce sujet précédemment ça restait une image lointaine. Du coup, là, le fait de lire un livre essentiellement sur ce sujet, qui montre cette vie de siège dans son horreur quotidienne, ça ne fait pas le même effet faut bien le dire... (surtout que l'auteur a été très pointu dans ce domaine)

D’une image lointaine, je suis passée à une réalité plus terrible. L'auteur décrivant avec réalisme, la mort, la faim, le froid, les purges staliniennes, le rationnement, les bombardements… Néanmoins chose étonnante là-dedans, c'est qu'au milieux de ce chaos les habitants arrivaient à se trouver des moments hors du monde, en allant par exemple à des concerts ou à des représentations théâtrales. D'ailleurs ce dernier point a été une image forte pour moi (tout comme son opposé), car j'ai trouvé que c’était quand même mettre beaucoup de passion et d’ardeur pour ne pas mourir.

 

Maintenant, et même si l’auteur développe énormément le siège de Leningrad, faut savoir que ce livre comporte une autre zone de recherche qui m'a surprise tout autant que le siège, voire même plus, qui est : Chotaskovitch

Alors je ne connaissais pas ce compositeur, ni l’histoire de la septième symphonie avant d’ouvrir ce livre, du coup j’avoue que j’ai énormément apprécié découvrir en plus du siège, la vie et l’œuvre de cet homme. L’un n’allant pas sans l’autre, puisqu’il faut connaître sa vie pour comprendre son œuvre.

Néanmoins à côté de cela, ce que j’ai surtout retenu de cette partie de l’histoire, c’est d’une, l’importance de la musique dans la guerre, et de deux, le fait que la musique parle. Alors si pour le premier point je ne suis pas étonnée, pour le second, je le suis un peu plus par contre.

En effet, j’avoue qu’avant de lire ce livre je n’aurai jamais imaginé qu’on puisse voir dans des notes de musique, la description si précise d’une épreuve ou d’une idéologie politique. Bien sûr je me doute que comme un peintre ou un écrivain, un musicien n’écrit pas sans son cœur, mais de là à donner une idéologie ou des sentiments précis à quelque chose de très abstrait (en tout cas pour moi)… Il y a un pas à franchir que je n’aurais pas fait.

Alors bien sûr les descriptions d’une œuvre sont à double sens ; certain voit dans la septième symphonie un hymne à la nation, d’autre par contre y voit un rejet du système soviétique. Mais il n’empêche que ce livre, m’a ouvert à la compréhension de la musique, - même si je ne vais pas devenir fan de musique classique pour autant.

 

Cela dit comme je le disais au début de cet avis, il y a trop de passages militaires (et même d'autres) qui saoulent un peu à la lecture de ce livre, du coup, c'est vrai que ce bouquin peut se montrer parfois un peu fastidieux à lire, au point qu'il en devient difficile de rester concentrer dessus. Bien sûr c'est intéressant de voir que les soldats n'étaient que de la chaire à canon, une armée de volontaire et non de métier qu'on a envoyé au casse-pipe sans trop de sentiment. Bien sûr que c'est intéressant de voir comment la population survivait, mais parfois c'était un peu trop développé - ou pas assez intéressant pour moi (?). Et c'est là, la seule chose que je reproche à ce livre, à part ça il était très très intéressant.

Au final c'était une lecture terrible mais très enrichissante.

Merci aux éditions JC Lattès.

2 décembre 2014

"Les malchanceux de l'histoire de France" de Jean-Joseph Julaud

"Les malchanceux de l'histoire de France" de Jean-Joseph Julaud

jean joseph julaud

Résumé :

Savez-vous ce qui est arrivé à Clotilde, la reine des Francs ? Ses petits-enfants... Non ! C'est terrible, on ne le croira pas !
Avez-vous appris la nouvelle ? Charles VI, le roi de France, est devenu fou ! Fou ? Oui, fou à lier !
Quelle fin pour Olympe de Gouges, la belle Olympe qui défendait la cause des femmes, jusqu'à l'horreur !
Et la jeune Cécile Renault, pourquoi ses 19 ans l'ont-ils conduite à l'échafaud ?

Que de destins de femmes et d'hommes frappés par la malchance dans l'histoire de France !

C'est Jacques Coeur, plus riche que cent rois, banni, abandonné sur l'île de Chios. C'est la pauvre reine Margot, calomniée, défigurée, avilie, jusqu'à aujourd'hui. C'est le duc d'Enghien, fauché dans les fossés de Vincennes, le jour du printemps...

En voulez-vous encore ? À travers les vingt récits historiques de ce livre, laissez-vous emporter vers les amonts de la mémoire où vous attendent de l'émotion, de l'étonnement, du révoltant, du cruel, du pittoresque, du pathétique, de l'amusant, du frisson... Tout cela dans le souple confort que procure une belle et bonne écriture !

Chanceux que vous êtes !

Mon avis :

L’auteur a pris quelques personnages célèbres de l’histoire et avec un court récit retrace (le plus fidèlement possible d’après le prologue) les mésaventures de ces malchanceux. Des mérovingiens jusqu’à la Vienne impériale, il a choisi un large panel de personnage qui promet beaucoup de changement, et ainsi de varier les récits. Mais finalement ce que j’ai avant tout apprécié dans ce livre se trouve d’avantage dans l’écriture que dans le choix des personnages.

En effet, dans mon cas, l’histoire de certains personnages choisi ne m’a pas toujours plu car je manquais déjà à la base de curiosité à leur égard ; par contre le fait que l’auteur ait aussi raconté ces histoires en y glissant des sentiments, en inventant un décor, était je trouve des plus agréables. Disons que c’était une manière originale de présenter ces petites vies en leur donnant une dimension humaine, d’ailleurs à ce niveau je trouve que « Piètre et pieux, Louis… » était très bien faite. C’est peut-être l’histoire que j’ai préférée.

Par contre je ne conseille pas ce livre si vous aimez lire que des livres très pointus sur l’histoire. Pas que c’est faux, mais voilà ça n’a rien à voir avec un livre très savant. Cela dit moi comme j’aime lire les deux genres, ça n’a pas été un problème.

En conclusion, si vous faites abstraction de la couverture (elle fait un peu saigner des yeux), et si l’histoire abordée même qu’en surface vous intéresse, ce livre a des chances de vous plaire, dans le cas contraire tant pis.

Merci aux éditions Cherche midi pour leur gentillesse.

27 novembre 2014

"Le langage secret des lieux sacrés : Décrypter les églises, les temples, les mosquées et autres lieux de culte de par le monde"

"Le langage secret des lieux sacrés : Décrypter les églises, les temples, les mosquées et autres lieux de culte de par le monde" de Jon Cannon

le langage secret des lieux sacrés

Résumé :

Qu'est-ce qui différencie un temple hindou d'un temple bouddhique ? Pourquoi une église ressemble-t-elle à une synagogue ou à une mosquée La disposition et la forme des espaces ont-elles une signification ? Découvrez les symboles et le sens de l'architecture des plus magnifiques édifices sacrés du monde Le Langage secret des lieux sacrés interprète le sens des édifices religieux les plus célèbres à partir du contexte historique et de la manière dont leurs bâtisseurs les adaptèrent à leur foi. Ce magnifique livre de référence passe en revue les monuments associés aux grandes religions actuelles - judaïsme, christianisme, islam, bouddhisme, hindouisme - tout en abordant quelques grands sites de la préhistoire et de l'Antiquité, dont Avebury et l'Acropole. L'ouvrage est illustré par de superbes photographies en couleurs et des doubles pages originales détaillant le "décryptage" d'une oeuvre particulière.

Mon avis :

Ce livre n’est probablement pas exhaustif en la matière, mais il décente bien le sujet, puisque de l’antiquité avec ses premières constructions, jusqu’à l’époque moderne, il va retracer l’histoire de l’architecture des lieux saints. En choisissant néanmoins les courants de pensées et les religions les plus habituels et les plus importants, car ce sont eux qui ont marqué le plus l’histoire de l’humanité.

 

Toutefois il ne faut pas croire que même amputé des autres courants spirituels ce livre est médiocre, loin de là d’ailleurs, puisque malgré ce manque l’auteur va arriver à montrer diverses choses importantes dans ce domaine, comme les influences d’un courant spirituel à l’autre, par exemple l’art maya mélangé à l’art chrétien, l’art gréco-bouddhiste ; les bases communes de l’architecture, les diverses constructions de l’antiquité restant avec ses coupoles, ses mosaïques, ses frontons… les bases principales en architecture malgré quelques créations par la suite ; ainsi que l’importance des lieux dans la conception de ces bâtiments. En effet il faut savoir que les montagnes, les fleuves, les étoiles, les superstitions, n’étaient jamais étrangères à la construction d’un bâtiment sacré, c’était même la première chose qui comptait. Mais d’autres paramètres rentraient en compte, et l’auteur va les expliquer.

Pour n'en citer qu'un, il va par exemple démontrer l’importance de ces bâtiments dans l’histoire. Ce qu’ils représentaient, ou représentent encore aujourd’hui, mais aussi leur utilité. Certes ils sont là pour dieu, pour affirmer et pratiquer un culte ou une philosophie, mais pas que. En effet il faut savoir que ces constructions servaient aussi à unir les peuples sous une même bannière -pour instaurer une certaine stabilité politique -, mais aussi et très souvent à affirmer le pouvoir du dirigeant et montrer la divinité de sa personne et de son pouvoir, ce qui, à la lumière de ce livre, aide à comprendre pourquoi tant de construction et l’importance de ces dernières dans l’histoire.  

 

Ensuite, autre atout du livre, c'est qu'en plus de décrire l'architecture, l'évolution des constructions, c'est qu'il aide aussi à la compréhension des monuments sacrés et des images qui les composent. En effet l’auteur va resituer en parallèle au contexte temporel, le contexte sacré. Ce qui est certes un peu normal mais très bien en soi, car en replaçant ainsi les bases du culte en même temps que le contexte matériel, le lecteur athée ou non pratiquant va comprendre ce qu’il lit et voit. Ce qui de mon point de vu est très bien, car par cette dimension ce bouquin montre qu'il s'adresse à tout le monde. Les livres, les légendes, ayant fortement influencé les images mais aussi les constructions, il serait un peu bête de lire ce genre d'ouvrage sans quelques connaissances, faut bien le dire.  

 

Néanmoins j’ai trouvé un défaut à ce livre, malgré les magnifiques photos et les descriptions, je trouve qu’il manque de schéma pour expliquer les différentes formes que l’architecture a pris. Un dessin pour expliquer ce qu’est l’arc outrepassé apparu au 5ème siècle ou pour expliquer la présentation d’un lieu, aurait été la bienvenue pour le néophyte, car parfois le texte était un peu dur à suivre dans le monceau de description. Là, j'avoue que j'ai relu plusieurs fois certains passages afin de bien comprendre.

Mais malgré ça, et comme dans Le langage secret des églises et des cathédrales, j'ai passé un agréable moment de lecture. Ce livre a été très enrichissant et je conseille à tous les curieux d’histoire, d’art, d’architecture, de spiritualité.

Merci aux éditions Prisma.

 

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23 novembre 2014

"Rideau de fer : L'Europe de l'Est écrasée 1944-1956" d'Anne Applebaum

"Rideau de fer : L'Europe de l'Est écrasée 1944-1956" d'Anne Applebaum

rideau de fer anne

Résumé:

Il y a deux manières de renouveler l’Histoire : poser de nouvelles questions sur des sujets apparemment rebattus et trouver de nouveaux documents ou de nouveaux témoins.
Dans ce livre magistral, Anne Applebaum accomplit les deux.
S’interrogeant sur le « Haut Stalinisme » (1944-1956), soit les douze années de soviétisation de l’ancien Lebensraum nazi (en se concentrant essentiellement sur trois pays emblématiques : Allemagne, Hongrie et Pologne), l’auteur renverse complètement le point de vue : non plus l’Est vu par l’Ouest mais l’Est vu par l’Est. Les sources archivistiques et orales inédites – lectures dans au moins cinq langues, entretiens, voyages, témoignages personnels – enrichissent considérablement les réponses aux questions que l’observateur contemporain de l’Europe de l’Est se pose face aux échecs ou aux revers de la démocratisation des nouvelles nations émancipées du joug soviétique depuis 1989.
Rideau de fer prend exactement la suite chronologique de l’ouvrage de Timothy Snyder, Terres de sang, consacré au nazisme et au stalinisme de 1933 à 1945 : il raconte, comme cela n’avait jamais été fait, la manière dont ces « terres de sang » ont été soviétisées (réparations économiques, nettoyages ethniques systématiques que l’on associe rarement à cette période de l’Histoire, récupération partielle de l’appareil policier hérité du nazisme, etc.).
Ce grand livre a été unanimement salué comme un des chefs-d’œuvre de l’Histoire récente.

Mon avis :

Quel livre ! Quel travail magistral ! A la fin de cet avis vous allez vite vous rendre compte que je ne dirai rien de plus que la quatrième couverture. Il n’est en effet pas exagéré de dire qu’Anna Applebaum a fait un travail remarquable et un livre qui se lit comme un roman. Sur une base riche et variée, et d’un point de vu large et impartial, l’auteur qui a passé 6 ans sur ce livre, va faire découvrir aux lecteurs toute la dimension du régime communisme à l’est après 1945. Elle va pour se faire, aborder le sujet sous divers aspects : matériel, politique mais aussi psychologique, et va ainsi de page en page dresser un portrait au plus proche de la réalité. Et pour que cela soit plus complet elle ne va pas hésiter à remonter aux années 20, 30 pour bien situer la pensée soviétique et ses vues sur l’Europe.

 

Pour en revenir à 1945, nous savons généralement que le communisme s’est imposé de force dans les pays libérés du joug allemand par l’armée rouge, mais ce qu’on ignore souvent c’est de la manière dont l’idéologie soviétique marxiste-léniniste s’est imposée et de quelle manière cela a été vécu par les populations ; c’est donc à partir de ces deux questions principales que l’auteure va élaborer tout son travail.

Pour se faire, elle va dans un premier temps décrire l’avancée de l’armée rouge sur l’Europe-orientale, et montrer comment par les massacres (des résistants polonais par exemple), les pillages, les réparations sauvages, les viols… du statut de libérateur cette armée est passée au statut d’envahisseur. Pour ensuite expliquer comment petit à petit et derrière les apparences qui étaient pluralistes - il y avait encore l’église et les autres partis politiques autorisés à l’époque -, le système politique de l'URSS a pris le pouvoir en occupant les plus hautes places des institutions clés - politique, jeunesse, éducation, radio – dans les pays nouvellement occupés, et comment à partir de là, ce système à méthodiquement annihilé toute résistance à son régime, par la menace, la propagande, les faux procès, etc, etc....

D’ailleurs ce que j’ai apprécié découvrir là-dedans, c’est que cela donne à voir le côté vicieux de ce régime qui n’hésitaient pas à mentir, à manigancer, pour entretenir l’illusion que le communisme était supérieur au capitalisme, bon ce n’est pas une découverte la propagande du stalinisme on l’a tous appris au collège, mais là c’est étonnant de découvrir comme beaucoup d’entre eux croyaient vraiment à cette supériorité malgré toute l’horreur de ce régime ; faut savoir que c’est entre autre pour ça qu’il y avait encore au début le pluralisme politique. Les communistes étaient réellement persuadés qu’ils avaient une aura fabuleuse qui faisait qu’ils allaient automatiquement gagner le cœur de la population. Je ne sais pas vous, mais personnellement tant de confiance aveugle moi ça me laisse admirative.

 

Bon la prise du pouvoir c’est une chose, mais l’auteure va aussi développer en parallèle à cela, le système politique communisme, comme la mise en place des plans quinquennaux, la construction des villes, le nettoyage ethnique et même dans le parti, les inégalités au sein de la population, et j’en passe. Elle va ainsi nous faire découvrir les effets de cette politique sur les peuples soumis, comme par exemple la course au mérite sans fin des employés, cet ennui qui avait pris possession des habitants et des ouvriers (loin des images joyeuses et pleines de vie de la propagande), le manque de vivres, les exodes de toutes les populations, la fatigue de l’illusion, etc… Et là l’auteure a vraiment tapé fort, car c’est à partir de témoignages et d’archives écrites, qu’elle donne la réalité du terrain, et qu’on découvre toute la détresse vécue dans cette partie de l’Europe après la guerre. Bien plus qu’un simple livre d’histoire froid et logique, ces pages ont un côté douloureux qui ne laissent pas indifférent.

A côté de ça c’est quand même étonnant de voir comment avec l’énergie du désespoir le régime socialiste essayé coûte que coûte de sauver les apparences du bonheur communiste, en entretenant les haines - qui aujourd’hui encore posent problème car ça a conduit à des crimes -, en accusant des saboteurs imaginaires, ou encore les dirigeants locaux, pour expliquer le désamour de la population. Jamais ils n’auraient admis – même si certains s’en sont aperçus - que le problème venait de leur système politique et non des autres, même s'ils ont changé régulièrement de plan, sans changer le fond, pour garder le pouvoir sur les populations si promptes à s'enflammer.

Néanmoins il faut savoir que dans ce malheur la population a fait de la résistance et n’a pas accepté son sort sans réagir. Du soutien suicidaire aux opposants lors des élections, en passant par la mode, le cinéma, et les révoltes plus sanglantes après la mort du dictateur Staline, jamais les populations ont plié entièrement à ce régime malgré les apparences. D’ailleurs elles ne manquaient pas d’un certain sens de l’humour aussi, voici une blague hongroise des années 50 que l’auteur fait partager : Définition du socialisme : un combat sans relâche contre des difficultés qui n’existeraient dans aucun autre système

 

Pour faire court, de toute manière s'est impossible de résumer la totalité de ce livre et d'aborder tout ce qu'il aborde, je conseille ce livre pour découvrir l’histoire de cette Europe dominée et la vivre de l'intérieure, même si Anne Applebaum ne s'attarde réellement que sur 3 pays de l'Europe de l'Est. Je précise en passant que ce bouquin ne parle que du régime soviétique, si à côté dans des interviews l’auteure fait le parallèle avec la Russie de Poutine, il n’en est rien dans ici, elle reste sur son sujet sans digresser avec la Russie actuelle.

Merci aux éditions Grasset.

http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2014/11/23/31012701.html

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10 novembre 2014

"François 1er" de Max Gallo

"François 1er : Roi de France, Roi-Chevalier, Prince de la Renaissance française" de Max Gallo

françois 1er livre

Résumé :

25 janvier 1515. François Ier est sacré à Reims. Dès le mois de septembre suivant, à Marignan, il devient Roi-Chevalier, adoubé à sa demande par Bayard. Il n'a de cesse d'imposer son autorité face à ses puissants voisins, Henri VIII, roi d'Angleterre, et surtout Charles Quint, qui forge le Saint-Empire. En s'alliant avec Soliman le Magnifique, qui lui offre les services du pirate Barberousse, il fait entrer l'Orient au sein de l'Europe. De l'Italie, il rapporte une passion pour les arts, permettant à la Renaissance de s'épanouir dans son royaume. Protecteur de Léonard de Vinci, qui selon la légende meurt dans ses bras, il commande des œuvres aux plus grands peintres italiens. Roi bâtisseur, il agrandit le royaume tout en le parant de merveilles architecturales – le château de Chambord, Fontainebleau, les nouveaux développements du Louvre... Roi visionnaire, enfin, il repousse les frontières et construit les prémices de la centralisation. La France moderne est en passe de naître. Dans la lignée de son Louis XIV, qui a connu un immense succès, Max Gallo dresse le portrait d'un roi d'exception, qui a marqué le destin de la France.

Mon avis :

Quand j’ai commencé ce roman je ne savais pas trop à quoi m’attendre, biographie ou biographie romancée, et finalement il s’avère que c’est une biographie. Mais pas une biographie très approfondie qui va faire le tour du règne de François 1er.

Là Max Gallo va surtout aborder la passion de François 1er pour les femmes, sa joie de vivre, sa mère en qui il avait une grande confiance, ses relations avec Charles Quint, et par extension celles avec Henri VIII et Soliman le magnifique, mais il ne va pas s’arrêter tant que ça –enfin je n’ai pas trouvé- sur ce roi qui aimait l’art, la culture… Ici il n’est pas mention du Collège de France ou de la naissance du français par exemple. D’ailleurs Max Gallo ne parle pas non plus de toute la politique de François 1er , par exemple il n’est exprimé nulle part la politique d'exploration en Amérique du Nord avec Jacques Cartier ou de Giovanni da Verrazzano. Et c’est vrai que finalement pour un portrait c’est un peu dommage qu’il manque certaines choses.

Cela dit malgré ces manques, ce livre donne un portrait assez complet de la politique de ce roi. Quand on lit ce livre, on voit que c’était un roi toujours sur le pied de guerre, qui voulait défendre ses intérêts coûte que coûte, et pour ça il n’hésitait pas à assommer son peuple de taxe pour financer les guerres et à contracter des alliances douteuses avec Soliman le Magnifique. On voit aussi qu’il n’était pas non plus un roi cruel et arbitraire, même s'il n’a pas hésité à poursuivre les protestants, ils savaient se montrer aussi magnanime avec la population et réfléchi quand une situation était ambiguë même si le sujet était grave. Enfin on voit que c’était un roi agréable mais qui en imposait malgré tout, la marque de son règne.

Bon d’accord tout n’est pas dit dans ce portrait, et certains pourraient être déçus, mais l’essentiel y est et en plus c'est accessible même si les passages en vieux français surprennent. Là j’avoue que parfois j’avais du mal à comprendre certains passages à la première lecture, le vieux français je ne le croise pas tous les jours, mais c'est quand même un excellent livre qui se lit bien et qui dégrossi très bien ce roi de France et son époque. Je conseille pour ceux qui ont peur des livres d'histoire trop compliqués, mais qui aimeraient bien se lancer. En plus petit plus il y'a quelques photos utiles.

Je remercie avant de finir les éditions XO éditions.

7 novembre 2014

"Les hérétiques au Moyen-Âge ; Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ?" de André Vauchez

"Les hérétiques au Moyen-Âge ; Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ?" de André Vauchez

les hérétiques au moyen âge

Résumé :

An mille : les hérésies ne touchent qu'un nombre limité de personnes, appartenant à l'élite culturelle et sociale. Deux siècles plus tard, elles sont devenues de puissants mouvements contestataires qui remettent en cause l'emprise du clergé catholique. De l'Allemagne rhénane à l'Italie centrale et à l'Espagne du Nord en passant par le Languedoc, de nombreuses régions de la chrétienté sont alors "gangrenées" - pour reprendre le vocabulaire des textes pontificaux de l'époque - par diverses formes de dissidence religieuse : Cathares, Vaudois, Patarins... Un défi lancé à la papauté qui les condamne comme des hérésies et les combat par l'intermédiaire de l'Inquisition et des ordres mendiants (Dominicains et Franciscains) à partir de 1231. Aux XIVe et XVe siècles, les accusations d'hérésie se multiplient et visent désormais tous ceux qui désobéissent à l'Eglise ou s'opposent à son autorité, y compris dans le domaine temporel. Le cercle des poursuites ne cesse de s'élargir et l'on finit par considérer comme des hérétiques des hommes et des femmes dont le seul tort était de dénoncer publiquement les abus du clergé et les dérives autoritaires de la hiérarchie ecclésiastique. Une grande oeuvre sur ces prétendus "Suppôts de Satan".

Mon avis :

Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ? Assurément dissidents, quelques sorcières et jeteurs de sort aussi, mais ça c’était pour plus tard, et l’auteur ne s’attarde pas vraiment dessus. Alors pour être franche je n’ai pas tout retenu de cette lecture, parce que je ne vous cache pas qu’il faut bien être dedans pour le lire et j’ai d’ailleurs lu plusieurs fois quelques passages pour bien situer, mais malgré ça j’ai découvert beaucoup de choses intéressantes. En fait, je n’aurais jamais pensé un jour voir cette question sous cet angle-là, pour moi les hérétiques c’était les sorcières, les devins, les sataniques, mais aucunement des gens qui d’un point de vu spirituel voulait revenir à quelque chose de plus sincère, souvent à un mode de vie plus apostolique. Dans ma tête c’était même plutôt tant mieux pour l’église ces gens-là, mais visiblement non. Je suis sans doute un peu naïve…

Bon, je me doutais bien que ces différents courants religieux, - enfin pour ceux que je connaissais- qui se voulaient tous plus proche de Dieu que les voisins, n’étaient pas tous la bienvenus au sein de l’église. C’est connu l’église ne laisse pas si facilement sa place, et l’histoire nous a montré que ses privilèges, qu’ils soient matériels et spirituels, elle y tenait fermement, mais je ne pensais pas qu’ils étaient quand même à ce point honnis, alors que leur but était toujours Dieu finalement. Enfin pour ceux qui étaient réellement « hérétiques », parce que c’était aussi l’appellation idéale pour se débarrasser de ses ennemis. Enfin bref, comme vous le voyez l’hérésie est un problème assez complexe.

Et ce problème complexe, sur une base d’archive et notamment beaucoup d’archives italiennes, André Vauchez va donc l’expliquer. Il va expliquer le déroulement de l’hérésie au Moyen-âge ; la naissance des divers courants religieux, leurs revendications (comme le droit de prêcher), leur vision sur le pouvoir ecclésiastique (pas du tout tendre mais pas fausse), et finalement leur poursuite par le pouvoir séculier mais aussi spirituel, car avec l’hérésie est apparue l’inquisition qui était là pour combattre ces hérétiques qui remettaient en cause le pouvoir ecclésiastique.

Et avec l’inquisition l’auteur va donc donner toute la dimension à ce problème, puisqu’en parallèle au développement de l’hérésie, il a dans le même temps développé l'inquisition et son mode de fonctionnement. Il va par ailleurs rappeler que le bûcher n’était pas toujours la solution finale (sans faire de mauvais jeu de mot), avant ça il y avait les pénitences, le port de la croix sur les vêtements, etc… Sans compter qu’à côté de ça, il y avait tout un système créé pour ramener la brebis égarée sur le chemin de la rédemption. Pour ça il va parler des ordres mendiants, et de l’utilité de certain mythe comme celui de Marie d’Oignies.

Néanmoins surprise. L'auteur va aussi montrer qu'il n'était pas toujours facile pour le pouvoir de l'église, de pratiquer sa justice et d'appliquer sa loi, car ces gens que l’on disait hérétiques étaient parfois tolérés par les populations, ainsi que par le roi.

Comme je vous le disais la question de l'hérésie n'est pas des plus facile.

Enfin je ne vais pas tout vous résumer ici, mais c’est vraiment un bon livre que je conseille. André Vauchez va donner à une question oubliée aujourd’hui et idéologique dans le passé, toute la base pour bien comprendre l’hérésie au Moyen-âge, certes c’est dense à lire, mais bien concentré c’est largement faisable, et le sujet est des plus passionnants. Je conseille aux curieux de l'histoire et je sais qu'il y en a.

Merci aux éditions du CNRS.

19 mai 2014

"Brunehaut : Epouse de Sigebert Ier" d'Anne Bernet

"Brunehaut : Epouse de Sigebert Ier" d'Anne Bernet

Brunehaut

Résumé :

Mariée en 566 au roi franc d'Austrasie Sigebert Ier, l'un des petits-fils de Clovis, Brunehaut est un personnage à la fois célèbre et méconnu. L'historiographie romantique l'a dépeinte sous les traits d'une mégère lancée dans une lutte féroce contre sa belle-soeur, la reine Frédégonde de Neustrie. Or, dans cette époque impitoyable où les assassinats sont légion, elle se montra sans faiblesse, certes, mais aussi souveraine avisée, diplomate, mécène, soutien de la papauté. Son règne contribua fortement à façonner le nouveau visage d'une France en train de se détacher du modèle impérial romain à l'aube du VIIe siècle.

Mon avis :

Deuxième bouquin sur Brunehaut que j’ai lu en additionnant celui-là à celui de Bruno Dumézil, et je dois dire que les deux se complètent bien. Celui de Dumézil s’attardant beaucoup sur la chute de l’empire romain d’occident, et celui d’Anne Bernet développant assez vite l’Espagne Wisigothique. Tous deux essentiels à la compréhension de l’époque mérovingienne et donc à la vie de Brunehaut.

Mais même si j’ai vraiment adoré lire celui de Dumézil qui est en plus facile d’accès, je dois avouer que celui d’Anne Bernet est encore mieux à lire, car je l’ai trouvé plus intime, plus détaillé. En effet là où Dumézil gratte le verni, l’auteure Anne Bernet creuse encore plus, et ça c’était vraiment un pur plaisir, parce que j’ai vraiment eu cette impression de découvrir vraiment la personnalité de Brunehaut, et dans une moindre mesure celle des autres.
Et là autant dire que j’ai fait des découvertes, le caractère de Brunehaut c’est en effet quelque chose ! Alors ça n’a pas été une entière découverte, dans celui de Dumézil je me suis bien aperçue que Brunehaut avait les dents très longues, qu’elle était calculatrice, et qu’elle était une personne assez froide ; mais dans ce livre, elle n’est pas froide, nooooooooon ! Juste glaciale.

C’est con, mais c'est en lisant ce livre que le me suis vraiment rendue compte à quel point cette femme ne reculait devant rien. Tout ce qu’elle faisait avait pour but d’assouvir sa soif de pouvoir et assurer sa sécurité. Au point que j’en suis venue à me demander si elle ne se croyait pas immortelle. Pour exemple, je citerai sa manière d’élever sa famille. En effet, à l’inverse de sa grande rivale Frédégonde qui a élevé son fils le roi Clotaire II de manière à ce qu’il puisse s’en sortir sans elle, Brunehaut a élevé toute sa descendance de manière à pouvoir les contrôler, et ainsi gouverner à travers eux. Ce qu’elle a fait d’ailleurs à merveille et personne ne s’y trompé.

Mais quand j’y pense, je trouve ça vraiment dingue. Quel était son intérêt de mettre des rois fantoches incapables de gouverner sur un trône (excepté Thierry II peut-être) alors qu’il pouvait lui arriver n’importe quoi à elle - l’espérance de vie à l’époque n’étant pas aussi élevée qu’aujourd’hui -, et donc réduire à néant ses efforts d’une vie. Vraiment où était son intérêt à ne regarder que le présent mais pas au-delà des siècles ? Je ne vois pas.

Alors bien sûr en lisant ce livre je me suis vraiment rendue compte que sa légende noire Brunehaut ne l’avait pas volée. Cela dit et vu l’époque très misogyne, je n’arrive pas à la détester, elle a fait ce qu’elle devait sûrement faire pour survivre et pour ça je ne peux pas trop la juger. Et puis après tout c’était quand même une sacrée femme, singulière, intelligente et avant tout géniale - parce que pour faire ce qu’elle a fait, elle ne pouvait pas être chose.

Enfin bref, comme pour celui de Dumézil, je vous conseille ce livre, et même lui en premier car plus complet selon moi. Bref, c'est un livre à lire, comme un roman en plus !

 

Je remercie en passant les éditions Pygmalion de leur gentillesse.

11 mai 2014

"Etre un enfant en Egypte ancienne" d'Amandine Marshall

"Etre un enfant en Egypte ancienne" d'Amandine Marshall

être enfant en égypte ancienne

Résumé :

Il n'y a pas de société, pas de famille, pas de reconnaissance sociale sans enfant.. La façon dont les enfants étaient perçus, intégrés et élevés au sein de la famille et de la communauté établit les fondements même de la société égyptienne. Si la vie quotidienne des jeunes Egyptiens ayant dépassé le stade de la petite enfance est le propos central du livre, il ne sera toutefois pas question d'une plongée dans leur univers. En effet, les sources antiques émanent principalement d'adultes masculins peu enclins à s'intéresser à la condition d'enfant. Le ressenti des jeunes Egyptiens et tout ce qui se rapporte à la sphère affective ne pourra donc jamais être déduit des sources. En revanche, la confrontation de quelque 6 600 documents établis sur une période de 3 500 ans aboutit à une réflexion plus générale sur la perception de l'enfant dans la civilisation égyptienne. Quels enseignements peut-on tirer de la façon dont. l'enfant était représenté dans l'iconographie ? Comment était-il considéré par ses aînés ? Quels étaient ses rapports avec le monde adulte ? Quel était le quotidien d'un fils d'artisan ? Quel était celui d'un fils de fonctionnaire ? Quels jeux et jouets divertissaient les enfants ? Les enfants étaient-ils vraiment. enrôlés très jeunes dans l'armée comme plusieurs textes le soulignent ? Quels moyens étaient engagés pour protéger les enfants des maladies, des démons et des revenants ? L'enfant avait-il un statut particulier au regard de la loi, de la société et à celui de l'Etat égyptien ? Richement documenté et illustré par presque deux cents planches et dessins, cet ouvrage offre un éclairage inédit sur l'enfance en Egypte ancienne.

Mon avis :

Comme vous le savez sûrement j’aime beaucoup lire les documentaires et particulièrement ceux sur l’histoire qui peuvent m’apprendre un tas de chose. Etant grandement passionnée par cette matière ces livres sont pour moi un véritable plaisir à lire et non une corvée. Ben là pourtant ça a été moitié-moitié. Disons que pour faire simple les deux premiers chapitres m’ont vaguement intéressée, je les ai trouvés très long et pas toujours intéressants, alors que tous les autres étaient franchement bien.

Alors certes le sujet, que ça soit au début ou à la fin du livre, était toujours les enfants en Egypte ancienne, mais à mon goût j’ai trouvé qu’à partir du chapitre 3 les sujets développés étaient vraiment agréable à lire, car ils étaient clairement une fenêtre ouverte sur la vie des enfants en Egypte ancienne, contrairement aux deux premiers chapitre qui étaient plus « superficiels », plus axés sur le physiques et le symbolique, personnellement en tant que lectrice lambda, qui ne fait aucune thèse sur l’Egypte ancienne, savoir qu’ils portaient des chaussures, se coiffaient de telle manière, portaient des bijoux, etc, etc… me passait un peu au-dessus de la tête je dois dire.

Alors qu’à l’inverse, découvrir la place des enfants dans la société, leur apprentissage, leur jeux, (il y a même des contes résumés dedans qui sont très intéressants à découvrir), leur droit… m’a réellement intéressée puisque ça donnait vraiment un côté utile à ce sujet pour mieux comprendre cette société. Même si comme le dit sans arrêt Amandine Marshall, rien ne peut être affirmé avec certitude, les sources étant devenues peu fiables et incomplètes à cause des pillages, du temps, des anciennes fouilles archéologiques peu scrupuleuses du détail… Ce qui d’ailleurs est un peu agaçant, parce que quand j’ai fini ce livre, j’en suis venue à me dire : « Tout ça pour ça ?! » Alors bien sûr là je ne peux pas accuser l’auteure d’être incomplète, elle a fait avec ce qu’elle a pu, - et c’est même plutôt bien fait, il y a des tableaux, des dessins, des photos pour mieux cerner le sujet ce qui est génial-, mais quand même c’est frustrant de ne pas réellement savoir. Alors peut-être que beaucoup d’entre vous en auront rien à faire, mais moi j’avoue que ça me chagrine. Enfin bref. 

Comme vous le voyez et pour résumer, ce livre me laisse un sentiment mitigé. Oui il m’a plu car j’ai appris beaucoup de chose, (même si certaines choses me paraissent un peu de deuxième importance), et oui il me laisse sur ma faim car trop de doutes subsistent. Néanmoins je vous le conseille si le sujet, ou plus vaste l’Egypte ancienne, vous intéresse. Cela dit pour moi, qui suis une lectrice quelconque, je trouve que ce bouquin n’est pas fait pour un lecteur lambda ; même s’il est facile d’accès, il reste quand même très historique, très scientifique, alors oui vous (lecteur lambda) pouvez le lire (la preuve je l’ai fait), mais je pense quand même qu’il trouvera plus sa place auprès des archéologues, des savants… D’ailleurs il leur sera plus utile qu’à moi je pense, mais bon ce n'est pas pour autant que vous ne pouvez pas le lire. :)

Je remercie en passant les éditions Rocher pour leur gentillesse.

23 avril 2014

"Auguste, maître du monde. Actium, 2 septembre 31 av. J-C" de Pierre Cosme

"Auguste, maître du monde. Actium, 2 septembre 31 av. J-C" de Pierre Cosme

Auguste maître du monde Actium 2 septembre 31 av

Résumé :

Décisive dans l'histoire de l'Empire romain, la bataille d'Actium scelle l'affrontement devenu inévitable entre Octavien, d'un côté et Marc Antoine et Cléopâtre, de l'autre. Décisive parce que, lorsque la nuit tombe sur le golfe d'Ambracie, au nord-ouest de la Grèce, au soir du 2 septembre 31 avant Jésus-Christ, Octavien, vainqueur, demeure seul maître du monde romain. Devenu Auguste et premier empereur romain, il inaugure une nouvelle ère qui ne s'achèvera qu'à la chute de Rome au Ve siècle. Défait et lâché par ses alliés, Marc Antoine se donne la mort en août 30. Ce suicide est suivi quinze jours plus tard par celui, célèbre, de Cléopâtre.

L'assassinat de Jules César en 44 avant J.-C. aboutit au partage de l'Empire : Marc Antoine règne sur l'Orient, en compagnie de Cléopâtre, tandis qu'Octavien gouverne l'Occident. Cela fait donc plus de dix ans que les deux protagonistes s'affrontent par partisans, campagnes de dénigrement et propagande interposés. La guerre est finalement déclarée, à la fin de l'été 32. Jusqu'au printemps 31, une «drôle de guerre» met aux prises les deux adversaires. Au matin du 2 septembre, au large d'Actium sur la mer Ionienne, après quatre jours de tempête, la bataille a bien lieu. Près de 800 navires et 80 000 hommes se font face. L'issue de cette bataille meurtrière était-elle inéluctable ? À quel moment la bataille fut-elle perdue pour Marc Antoine ? Quel aurait été l'Empire romain s'il l'avait emportée ? Quel fut le rôle de Cléopâtre ? C'est à ces questions, et à bien d'autres, que Pierre Cosme répond ici, brossant en creux l'histoire de cette décennie cruciale.

Pierre Cosme est professeur d'histoire ancienne à l'université de Rouen. Il a publié, entre autres, Auguste (2005), Les Empereurs romains (2011), L'Armée romaine (2012) et L'Année des quatre empereurs (2012).

Mon avis :

Je ne connaissais de cette bataille que les grandes lignes de l’histoire, à savoir la défaite de Cléopâtre VII & Marc-Antoine, leur humiliation et mort, autant dire pas grand-chose. Ben comme vous vous en doutez sûrement, avec ce livre j’ai découvert bien plus, et plus particulièrement les hostilités toujours plus grandissantes entre Octave et Marc-Antoine (qui ont passé leur temps à se dénigrer et à se trouver des alliances), ainsi que le début de cette guerre qui donnera la défaite d’Actium. Qui a pris apparemment Marc-Antoine au dépourvu. 

Autre atout important du livre, c’est qu’il montre assez bien l’image noire dont souffre Cléopâtre VII. Cela ne paraît à première vue pas très important et pourtant ça l’est, puisque le vainqueur qui a en partie contribué à cette légende noire, a beaucoup joué dessus pour engager une guerre et l’expliquer, en mettant bien en avant que Cléopâtre avait vampirisé Marc-Antoine et que ce dernier faisait passer l’Égypte avant Rome. De plus comme cette légende a assez pesé dans l’histoire de cette défaite, il n’est sûrement pas vain de remettre les choses en place sur le rôle de Cléopâtre dans cette guerre, et ce malgré le manque de source fiable. Et ce qui en ressort c’est qu’elle n’a sûrement pas été la mauvaise conseillère de Marc-Antoine et que la bataille d’Actium était certainement jouée d’avance. Marc-Antoine n’ayant pas choisi le meilleur emplacement ni les meilleures stratégies face à Agrippa. De plus comme le dit l’auteur son armée a souffert de la malaria, des désertions, et des retournements d’alliance des divers rois de l’époque, ce qui a facilité la banqueroute de cette armée, fuite de Cléopâtre ou pas finalement. D’ailleurs comment comprendre cette fuite reste encore une grande question, comme le dit justement l’auteur ; était-ce vraiment une fuite de la reine qui préfère sa vie et son royaume ? Ou est-ce un plan pour mettre en place les batailles ultérieures ? On peut se le demander finalement doublement puisqu’en effet Marc-Antoine la rejoindra très vite. Enfin bref, comme le montre justement ce livre, on peut supposer des raisons mais on ne peut rien affirmer, sur ce sujet comme sur d’autres. En fait faut surtout savoir cette bataille est à regarder dans un ensemble quitte à faire un peu d’uchronie, mais il ne faut pas s’attarder que sur un évènement.

Alors je vous avouerai qu’au début j’ai eu du mal avec ce livre, mais par la suite quand j’eus la situation bien en tête cela s’est vite dégagé. Cela dit il y a un chapitre que j’ai particulièrement aimé, mais le reste est super aussi je vous rassure, c’est la conclusion. Car elle met bien en avant qu’on ne peut rien affirmer, mais montre aussi que cette bataille n’a peut-être pas autant changé la face du monde antique, puisqu’il y a fort à parier que Marc-Antoine aurait gouverné avec les mêmes hommes que l’empereur Auguste, qu’ils soient des fidèles de la première heure ou de la dernière. Néanmoins il est vrai que cette bataille à quand même changer certaines choses puisqu’après cela et le meurtre de Césarion, l’Egypte devient une province de Rome en plus d’être son grenier à blé.

Ensuite autre chose qui a été intéressant à découvrir, mais là je sors de la conclusion, c’est la chute de l’Egypte. Alors je savais que Césarion le fils de César et Cléopâtre a été tué lors de sa fuite à la demande d’Octave car « il n’est pas bon d’avoir plusieurs César » (Césarion étant le fils direct de César contrairement à Octave qui a été adopté). Ce que je savais moins par contre et ça m’a même étonné de le découvrir, c’est que les enfants de Cléopâtre et Marc-Antoine ont été élevés malgré tout par Octavie la première femme de Marc-Antoine et sœur d’Octave (Auguste) avec leurs demi-sœurs. Et personnellement je trouve cela étonnant, quand on pense qu’ils pouvaient eux-mêmes réclamer « leur héritage » ou se montrer ingrats et vindicatifs envers le vainqueur. Bon après j’ignore leur condition à Rome, mais voilà ça m’a effleuré l’esprit.  

Enfin bref, entre la bataille et la chute de Cléopâtre et Marc-Antoine ce livre pas très long est passionnant. A lire.

Je remercie en passant les éditions Tallandier.

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Flûte de Paon / Livre-sse livresque
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